Présidentielle : Macron veut rallier des politiques à gauche et à droite

Clément Bucco-Lechat / Ministère du Travail

Après cinq ans de pouvoir, Emmanuel Macron n’a pas renoncé à fracturer le paysage politique. Comme en 2017, il relance la machine à débauchages pour déstabiliser ses adversaires.

Eric Woerth a refusé d’accorder son parrainage à Valérie Pécresse

Les macronistes veulent piocher à gauche et à droite. Nous révélons dans Le Parisien une information de Marcelo Wesfreid : Edouardo Rihan Cypel, ancien député, proche de François Hollande, et porte-parole du PS, claque la porte du parti pour rejoindre Macron. Alors qu’Anne Hidalgo continue sa descente aux enfers et que personne ne comprend rien à la démarche de Christiane Taubira, les macronistes espèrent d’autres prises de guerre à gauche. Ils font en coulisse les yeux doux à des figures comme Julien Dray, le sénateur André Vallini, le maire de Chambéry Thierry Repentin, la patronne des députés PS Valérie Rabault ou encore l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine.

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Le maire de Dijon François Rebsamen, et même l’ancien président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone sont eux aussi ciblés. A droite c’est le président LR de la commission des finances, Eric Woerth, que les amis du président aimeraient rallier. Il a refusé d’accorder son parrainage à Valérie Pécresse et il fustige depuis cinq ans le manque de travail de son parti, en particulier sur les questions de finances publiques. Nous verrons si l’équipe Macron parviendra à lui faire franchir le Rubicond, mais ce qui est certain c’est qu’elle essaie.

 

C’est plus dur de débaucher à droite puisque la candidature Pécresse tient bon

Est-ce que cette stratégie des ralliements sert à quelque chose ? Clairement, oui. C’est d’ailleurs l’un des enseignements de notre dernier sondage Ipsos pour Le Parisien, réalisé après les ralliements d’élus du RN en faveur d’Eric Zemmour, et après que Marion Maréchal a fait part de ses états d’âmes, il montre une remontée de Zemmour et un tassement de Marine Le Pen. Afficher des ralliements, cela crée une dynamique. Cela montre que vous attirez à vous, pas que vous perdez des plumes. Les électeurs qui hésitent peuvent y être sensible. Les 2/3 des 25% de Macron dans les sondages viennent de la gauche.

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Alors qu’il constate le désastre de la candidature Hidalgo, il se dit que c’est le moment de consolider et même de renforcer ce socle d’électeurs sociaux-démocrates en affichant des soutiens venant de cette famille politique. C’est plus dur de débaucher à droite, puisque la candidature Pécresse tient bon. Elle est même qualifiée pour le second tour dans notre sondage. Macron n’a cependant pas fini d’essayer de séduire des élus, à gauche comme à droite, pour une raison identitaire. Le dépassement politique est la pierre angulaire du macronisme. Il veut démontrer que ce qui avait fait l’originalité de la campagne de 2017 est toujours vivace aujourd’hui. L’idée que le clivage droite-gauche est obsolète, les marcheurs pur jus adorent cela. Continuer de fracturer, là où il le peut, c’est aussi envoyer un message aux militants. Une manière de motiver les troupes juste avant qu’il ne se lance dans la bataille.

David Doukhan

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