Grève à la RATP : Cette journée noire pour les salaires est-elle justifiée ?

C’est une journée noire dans le métro aujourd’hui. Huit lignes RATP sont fermées et le trafic est extrêmement réduit sur le reste du réseau. A l’origine de ces très fortes perturbations, un appel à la grève de tous les syndicats de la Régie, pour des motifs salariaux qu’on peut trouver injustifié.

La RATP propose une augmentation des salaires de 2,7% en moyenne

Ce mouvement est surtout révélateur des archaïsmes qui subsistent au sein de la RATP. Que toutes les organisations syndicales décident de déclencher une grève massive, façon prise d’otages, à la veille d’un week-end de grands départs, après deux ans de pandémie, est déjà difficilement admissible. Mais cela devient carrément incompréhensible, quand on sait que ce mouvement est motivé par des revendications salariales d’un autre temps. Il faut quand même avoir en tête que plus de la moitié du réseau va être fermée, alors que la direction de la RATP propose une augmentation des rémunérations de 2,7% en moyenne, après +2,1% l’an dernier, et une hausse de l’intéressement, dont le montant tourne en général autour de 1.000 euros net.

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Cette vision rétrograde n’annonce rien de bon, alors que se profile la mise en concurrence des activités de la RATP

De leur côté, les syndicats estiment cependant que la direction de l’entreprise n’a proposé que 0,4% d’augmentation pour l’année en cours. Ils oublient sciemment dans leurs calculs les effets du GVT, ce mécanisme qui assure à la RATP comme dans toute la fonction publique une hausse régulière des salaires en fonction de l’ancienneté et de l’expérience. En fait, ils considèrent cette composante comme un dû, dont il ne faudrait pas tenir compte, alors même qu’elle viendra bien gonfler leur fiche de paie. C’est donc bien une conception obsolète des négociations salariales et plus largement du dialogue social qui explique la journée noire que nous allons vivre dans les transports d’Ile-de-France. Une vision rétrograde qui n’annonce rien de bon, alors que se profile enfin la mise en concurrence des activités de la RATP, à commencer par les lignes de bus dès 2025. Autant dire que cette grève aberrante n’est sans doute pas la dernière.

François Vidal

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