Le politologue Pascal Perrineau, professeur émérite des universités à Sciences Po, était l’invité de Renaud Blanc dans la matinale de Radio Classique. Il salue la réputation de sérieux de la nouvelle Première ministre Elisabeth Borne, tout en jugeant qu’elle aura peu d’autonomie face à la « verticalité » du pouvoir d’Emmanuel Macron
Pascal Perrineau : Emmanuel Macron « a un style extrêmement vertical, il garde la Première ministre dans sa main »
Le profil d’Elisabeth Borne, tout juste nommée à Matignon, interroge les observateurs. Guillaume Tabard, rédacteur en chef au Figaro et éditorialiste sur Radio Classique, se demandait sur notre antenne si elle parlait plus à la gauche ou à la droite, car bien que marquée à gauche de l’échiquier politique, les réformes qu’elle a menées (l’assurance chômage et l’ouverture à la concurrence de la RATP notamment) étaient perçues « comme pouvant venir de la droite », note Renaud Blanc. Un diagnostic partagé par son invité Pascal Perrineau : « [les journalistes] savent qu’elle a été dans des cabinets de gauche, mais les Français ne le savent pas ! Ils ont beaucoup de mal à situer Elisabeth Borne, quand ils la connaissent ». Le politologue juge en tous cas que le rôle de la nouvelle cheffe de gouvernement pourrait être assez limité : « le président a un style extrêmement vertical, il garde la Première ministre dans sa main ».
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Il pointe également que la majorité est beaucoup plus diversifiée qu’en 2017 : « c’est peut-être là où il y aura un problème de cohabitation interne à la macronie ». A l’approche des législatives, Elisabeth Borne sera-t-elle une bonne capitaine de campagne, elle qui est issue de la société civile ? Pour Pascal Perrineau, c’est un grand « oui » : « c’est une femme qui s’est fait connaître par sa maîtrise des dossiers. Je crois que c’est une bonne chose ». Cependant, il tient à souligner que « la politique c’est de l’incarnation, la capacité à s’adresser régulièrement au peuple français, [or] on ne connaît pas Elisabeth Borne sur ce terrain ». Elle sera en tous cas dans cette campagne « pendant quelques semaines Madame pouvoir d’achat et protection du pouvoir d’achat, un rôle qui n’est pas très difficile à jouer », selon Pascal Perrineau.
Béatrice Mouedine
