25 rescapés de la déportation partagent avec des adolescents le souvenir indélébile de leur jeunesse bouleversée par l’horreur des camps. De précieux témoignages recueillis et photographiés par Karine Sicard Bouvatier à retrouver dans un livre bouleversant, aux Editions de La Martinière.
« Auschwitz est aujourd’hui un symbole. C’est aussi le plus grand cimetière du monde où il n’y a pas un mort. Ils sont tous partis en fumée. » Pour que la mémoire de l’Histoire ne disparaisse pas avec lui, Léon Placek raconte à Gaston, 12 ans, comment à son âge il a survécu à la déportation.
À l’heure où s’éteignent les voix des rescapés de la Shoah, transmettre leur témoignage s’est imposé comme une priorité à Karine Sicard Bouvatier. La photographe a donc organisé de vibrantes rencontres entre 25 survivants des camps et des jeunes d’aujourd’hui ayant leur âge au moment de leur arrestation.
« Je voudrais dire à la jeunesse qu’il faut aimer la vie. Faire ce que l’on aime faire. Il ne faut pas être insouciant, mais être confiant et rester toujours digne ».
Ainsi s’exprime Judith Elkán-Hervé, déportée à 18 ans, quand elle raconte à Théa une jeunesse bouleversée par l’horreur des camps.
Dans ces entretiens d’une grande émotion, ces hommes et femmes racontent leur adolescence et leur vie bouleversée par les camps de la mort, faisant de leur jeune interlocuteur un relais vers l’avenir.
« On a tendance à considérer qu’il n’y a pas chez les jeunes une capacité de résistance et de solidarité. On les sous-estime et on ne les incite pas assez à la solidarité. Il faut miser sur le dynamisme des jeunes » adresse Bertrand Herz aux 14 ans d’Octave, rappelant à l’adolescent, malgré le cauchemar qu’il a vécu à son âge, la nécessité de « garder foi en l’humanité ».
Cet ouvrage, enrichi des photographies de ces rencontres pleines d’une mutuelle bienveillance, est le témoin d’un passage de mémoire historique, de cette ultime transmission.
L’auteure et photographe :
Après une carrière dans la communication, Karine Sicard Bouvatier se fait connaître par un travail photographique documentaire : un livre sur les Diaconesses de Reuilly (2017), un travail en milieu carcéral mais aussi une exposition Horizons sur les Lençois (Brésil) à la Art Vivienne Galerie, en 2017, et une autre sur les espaces américains à FotoFever en 2018 (Valverde Art Gallery). Sa photographie reflète une sensibilité et une douceur qui vont au-delà des lignes et des visages avec un focus particulier sur l’humain, la mémoire et les espaces. Pour Karine Sicard Bouvatier, la photographie a deux missions fondamentales : celle d’un langage humain universel et celle de la mémoire des hommes. Sensibilisée à la question de la Shoah depuis ses 15 ans, notamment par le film de Claude Lanzman « Shoah », elle se lance en 2018 dans le projet Ultime Transmission. Épaulée par le Mémorial de la Shoah, Karine Sicard Bouvatier est partie à la rencontre des rescapés pour recueillir leurs témoignages et leur permettre de s’adresser aux jeunes.
Déportés, Leur ultime transmission
Auteur : Karine Sicard Bouvatier
192 pages, 25 €.
Un livre paru aux Editions de la Martinière
Avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah
