Ukraine-Russie : La cyberguerre est pour l’instant limitée, jusqu’à quand ?

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L’Ukraine est devenue le terrain d’une cyberguerre, moins visible que les destructions des bombes russes mais tout aussi présente. En France, Emmanuel Macron promet, s’il est réélu, d’investir 50 milliards d’euros d’ici 2025 dans la défense, et particulièrement dans la cybersécurité.

« La cyberguerre se joue principalement sur les réseaux sociaux »

Les leçons observées dans le conflit ukrainien doivent préparer la France face à des futurs combats de « haute intensité ». En effet, l’Ukraine est devenue le terrain d’une cyberguerre. Le ministre ukrainien de la transformation digitale publie chaque jour, sur les réseaux sociaux, une liste de « cibles » suivie par 100 000 cyberpirates amateurs ou confirmés, chargés de mener les cyberattaques. Au début de la guerre, les Russes ont mis hors de service un satellite de communication qui couvrait l’Ukraine. Pourtant, hormis cette cyberoffensive, l’impact de ce conflit virtuel reste pour l’heure limité. Si le chiffre de 3 000 cyberopérations subies par l’Ukraine depuis l’invasion russe peut impressionner, ces attaques n’ont eu que peu d’effet. Avec quelques sites bloqués et des connexions ralenties, nous sommes loin d’une cyberguerre totale, nous explique Asma Mhalla, maître de conférence en politique du numérique à Sciences-Po Paris, spécialiste en sécurité informatique : « les cyberattaques restent peu nombreuses. La cyberguerre se joue davantage sur les réseaux sociaux, via la diffusion de fausses informations ».

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Les coups d’éclat, comme le piratage de médias russes pour diffuser des images de la guerre, sont l’œuvre d’activistes, tandis que l’influence de Kiev et Moscou, pourtant décrites comme des cyberpuissances, reste discrète : « c’est pour l’instant une forme de statu quo. Aucun des deux camps ne prend le risque d’attaquer, de peur de ne pas contrôler les conséquences de ces attaques ». En effet, cibler des infrastructures énergétiques ou des centres de communications ukrainiens risque d’affecter les pays voisins. Or, l’OTAN a prévenu que toute agression d’un pays membre, même virtuel, serait vue comme un acte de guerre. Gérôme Billois, expert en informatique nous indique donc que toutes les capitales occidentales se préparent à répondre à ces cyberattaques : « dans le passé, il y a déjà eu des attaques qui ont réussi à interrompre des systèmes d’électricité et de distribution d’eau. On ne peut pas anticiper les intentions de la Russie, donc les États restent attentifs ». Une attaque d’ampleur peut effectivement coûter cher. La dernière attribuée aux Russes, NotPetya, en 2017, a entrainé une perte totale de 10 milliards de dollars.

Eric Kuoch

Ecoutez le reportage d’ Eric Kuoch : 

 

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