Prostitution, trafic d’enfants et d’organes, aux frontières de l’Ukraine, les organisations humanitaires alertent sur les risques de traite des êtres humains.
« Les crises humanitaires profitent à des réseaux pédophiles »
Depuis le début de l’invasion russe, près de 4 millions de civils ont fui l’Ukraine. Parmi eux, 90% seraient des femmes et des enfants déracinés. Ces personnes vulnérables deviennent de potentielles cibles. La Pologne, pays frontalier de l’Ukraine, accueille la majorité de ces réfugiés. Si selon les ONG, la population fait part d’une grande solidarité, il est maintenant temps pour les autorités polonaises de prendre le relai afin d’éviter les risques d’exploitation. En effet, à la frontière ukrainienne en Pologne, des voitures continuent de venir en aide aux réfugiés. Pourtant, une fois montés à bord, il n’y a aucune trace de leur prise en charge. Pour Manon Fillonneau, responsable migration chez Amnesty International France, le manque de traçabilité est un problème : « l’absence de systèmes d’enregistrement par l’Etat polonais met ces personnes en danger. Il faudrait une organisation qui enregistre les réfugiés, leur moyen de transport et les logements dans lesquels ils vont atterrir ».
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Il est clair qu’en situation de vulnérabilité, ces réfugiés sont des cibles pour les réseaux criminels de trafics d’êtres humains. Certains centres d’accueil commencent alors à s’organiser. Depuis quelques jours à une dizaine de kilomètres de la frontière ukrainienne, à Przemysl, l’ONG Medair renforce le contrôle des chauffeurs. Nathalie Fauveau, membre de l’équipe sur place nous décrit ces nouvelles dispositions : « les passeurs doivent désormais donner leur immatriculation de voiture et reçoivent un bracelet scanné en même temps que les réfugiés. On demande également un papier certifiant leur recommandation par une organisation officielle ».
Pour l’UNICEF « la protection des mineurs doit être une priorité »
Dans le centre, des flyers sont également distribués en ukrainien afin d’inciter les réfugiés à ne pas accorder aveuglement leur confiance. Philippe Cori, directeur adjoint de l’Unicef pour l’Europe, appelle les Etats européens à une meilleure gestion de la protection des enfants : « en Europe, un tel mouvement de populations et surtout d’enfants n’est pas arrivé depuis la 2nde Guerre mondiale. Pourtant, à la frontière on laisse passer tout le monde avec un simple contrôle des passeports. Avec les ministères polonais, hongrois et roumains, nous essayons de former les garde-frontières à la détection de potentiels trafics d’enfants. Malheureusement, ces crises humanitaires profitent à des réseaux pédophiles. La protection des mineurs doit donc être une priorité ». Selon le Groupe d’experts sur la lutte contre la traite des êtres humains du Conseil de l’Europe, la quasi-totalité des réfugiés seraient des femmes et des enfants.
Azaïs Perronin
Ecoutez le reportage d’Azaïs Perronin :
Ecoutez Philippe Cori :