Le parapluie américain est à nouveau déployé au-dessus de l’Europe. Le 26 mars à Varsovie, Joe Biden a assuré que Washington est déterminé à défendre « chaque centimètre carré du territoire de l’Otan ».
La protection américaine coûte à l’Europe son indépendance stratégique
La protection des Américains face aux ambitions de Moscou est rassurante mais l’Europe ne doit pas s’en contenter. Le fait que les Etats-Unis soient prêts à augmenter leur présence militaire tout en poussant leurs exportations de gaz et de céréales vers l’Europe est évidemment une bonne nouvelle. Pourtant les Européens ne doivent surtout pas se satisfaire du confort de ce bouclier. Cela serait une erreur majeure pour deux raisons. D’abord, parce que les Etats-Unis sont une démocratie et le président suivant peut se positionner à l’inverse de son prédécesseur. Si par malheur Donald Trump devait revenir au pouvoir, la résurrection de l’Otan pourrait être de courte durée.
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Ensuite, il faut éviter de se contenter de la protection offerte par l’Oncle Sam car cela nous placerait dans un état de dépendance équivalent à celui que nous avions pendant la Guerre Froide. La protection américaine a donc un coût, celui de notre indépendance stratégique. Or notre agenda n’est pas forcément le même que celui des Etats-Unis, vis-à-vis de la Chine notamment.
Il faut construire une véritable Europe de la Défense
Quels sont alors les moyens disponibles afin de réduire notre dépendance à Washington ? Pour que l’Europe soit un allié des Etats-Unis et non pas son vassal, il faut multiplier les efforts afin de créer les conditions de notre autonomie au sein de l’Alliance atlantique. Pour commencer, cela passe par la construction d’une véritable Europe de la Défense. L’Union doit suivre sa « boussole stratégique » définissant précisément les moyens à mettre en œuvre pour construire une armée commune dans les dix ans. De la même manière, dans le domaine énergétique, les 27 se sont entendus en fin de semaine dernière pour réaliser des achats groupés de gaz et pour diversifier leurs sources d’approvisionnement. Il faudra alors concrétiser ces intentions dès que possible. Cela aura évidemment un coût qu’il faudra mutualiser. Si pour le moment ce volet financier ne fait pas l’unanimité, il faut espérer que ce frein soit rapidement levé.
François Vidal