Guerre en Ukraine : L’Allemagne muscle sa politique de défense, une volte face inattendue

OSCE Parliamentary Assembly / Flickr

C’est un des effets les plus inattendus de l’attaque de l’Ukraine par la Russie. L’Allemagne a remis en cause les principes fondamentaux de son action en matière de diplomatie et de défense, hérités de l’après seconde guerre mondiale. Un virage stratégique qui change beaucoup de choses.

L’Allemagne débloque 100 milliards d’euros pour moderniser son armée

C’est un virage à 180 degrés que vient d’annoncer Berlin. Une rupture qui en rappelle une autre. Celle décidée par Angela Merkel en 2011, lorsque quelques jours seulement après le drame de Fukushima, la Chancelière avait choisi de renoncer à l’énergie nucléaire. Cette fois-ci, c’est une doctrine de politique étrangère vieille de 75 ans qu’Olaf Scholz, son successeur, a fait subitement voler en éclat. Et cette volte-face bienvenue, justifiée par la menace que fait peser Vladimir Poutine sur la paix en Europe, change radicalement la donne. Pour l’Allemagne évidemment, puisqu’en décidant de débloquer 100 milliards d’euros pour moderniser son armée, elle renonce pour de bon à son statut de « grosse Suisse », c’est-à-dire de puissance économique assumant un rôle de nain politique. Mais cela change aussi les choses pour l’Europe.

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On l’a vu dès ce week-end avec la nouvelle salve de sanctions décidée par l’Europe qui comprend notamment l’exclusion de plusieurs banques russes du réseau interbancaire Swift. Cette décision est très symbolique de ce que le changement de posture allemand implique pour l’Union européenne. En levant son veto contre une décision qui met en péril l’approvisionnement de l’Allemagne en gaz russe, une énergie dont elle est très dépendante, Olaf Scholz donne les moyens à l’Europe de s’affirmer comme une puissance diplomatique de premier rang. De la même manière en musclant sa politique de défense, il répond au souhait maintes fois exprimé par Emmanuel Macron et ses prédécesseurs, de faire de l’Union un bloc qui compte à l’échelle mondiale. Une façon de dépasser les éternels débats sur les équilibres financiers de la zone euro et de redonner du souffle au projet européen. Et ce n’est sans doute pas le résultat que recherchait Vladimir Poutine en envahissant l’Ukraine.

François Vidal 

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