Guerre en Ukraine : Comment Vladimir Poutine est en train d’organiser une famine mondiale

Mikhail Metzel/POOL/TASS/Sipa US/SIPA

Après le gaz et le pétrole, c’est au tour des céréales d’entrer dans le rapport de forces qui oppose les Russes et ses opposants. Cette nouvelle menace de Vladimir Poutine pourrait, en plus d’influer sur les prix des produits alimentaires en Occident, créer une famine considérable dans des pays d’Asie et du Nord de l’Afrique.

L’Ukraine est un pion essentiel dans l’approvisionnement alimentaire de nombreux pays émergents

Vladimir Poutine brandit désormais l’arme alimentaire dans son bras de fer avec les Occidentaux. Il se dit prêt à laisser sortir le blé des ports ukrainiens en échange de la levée des sanctions. Ce donnant-donnant est inacceptable pour l’Europe et les Etats-Unis. Les Russes ont la réputation d’être d’excellents joueurs d’échecs et Vladimir Poutine est en train d’en apporter une nouvelle preuve. Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, le Kremlin a transformé la dépendance des Européens au gaz et au pétrole pompés en Sibérie en une machine à cash avec laquelle il finance son effort de guerre, tout en provoquant une vague d’inflation sans précédent depuis 40 ans dans les économies occidentales. Ce coup de maître, il se propose de le rééditer à l’échelle planétaire en prenant maintenant en otage les exportations céréalières de l’Ukraine. Or, le pays du président Zelensky, 7ème exportateur mondial de blé, est un pion essentiel dans l’approvisionnement alimentaire de nombreux pays émergents.

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On risque des émeutes de la faim dans des pays comme l’Indonésie ou le Bangladesh

Vladimir Poutine est donc en train d’organiser une famine mondiale dont il veut rendre les Occidentaux responsables. En effet, le piège est en train de se refermer car face à ce risque de pénurie, les grands exportateurs de produits agricoles sont en train de boucler leurs frontières. En Asie, c’est une véritable épidémie. L’Inde, la Malaisie, la Thaïlande et le Vietnam ont successivement annoncé qu’ils allaient limiter, voire interdire leurs ventes internationales de blé, mais aussi de poulet ou de sucre notamment. Du coup, les prix alimentaires mondiaux qui sont déjà au-dessus des niveaux records atteints en 2008 et 2011 selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) vont continuer à monter. C’est une manne supplémentaire pour Moscou, gros exportateur de céréales, et une véritable catastrophe pour le nord de l’Afrique et certains pays asiatiques très peuplés comme l’Indonésie et le Bangladesh où des émeutes de la faim ne sont pas à exclure dans les prochains mois. En clair, Vladimir Poutine n’hésite pas à menacer l’ordre géopolitique mondial pour obtenir ce qu’il ne parvient pas à gagner sur le terrain militaire. Une stratégie condamnable et d’un cynisme absolu, mais une autre façon pour lui, de gagner la guerre.

François Vidal 

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