Face au coup de force russe sur l’Ukraine, les 27 pays membres de l’Union européenne ont annoncé le 22 février un premier train de sanctions économiques. Ils coupent la Russie des financements européens et ciblent des individus et des entités ayant joué un rôle actif dans la crise.
Berlin a suspendu la certification du gazoduc Nord Stream 2
Les Européens parlent de sanctions ciblées et proportionnées. Ce qui veut dire en clair qu’elles sont avant tout symboliques et qu’elles ne vont donc pas empêcher l’économie russe de tourner. Mais la question est bien de savoir si l’Union est capable de prendre des mesures plus drastiques si la situation devait dégénérer. C’est loin d’être sûr. D’abord, parce que les 27 pays ne sont pas tous sur la même longueur d’onde. Si les Pays baltes, la Pologne et la Slovaquie sont très allants, d’autres Etats membres comme l’Autriche, la Hongrie ou l’Italie – traditionnellement plus proches de Moscou – sont plus prudents. L’Union craint l’inévitable effet boomerang qu’auraient des sanctions très sévères sur la fourniture en gaz russe du continent. Elle marche donc sur des œufs. Cela n’a pas empêché Berlin de suspendre dès hier, la certification du gazoduc Nord Stream 2 qui doit assurer l’approvisionnement de l’Allemagne en gaz naturel russe à l’avenir.
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Mais cette décision n’aura pas plus d’impact sur l’économie russe puisque ce gazoduc n’est pas encore opérationnel. Elle va en revanche coûter cher au groupe allemand Uniper ou au français Engie qui ont financé une partie des 10 milliards d’euros de sa construction. Et ce n’est pas la première salve de sanctions américaines annoncées hier soir par Joe Biden qui va changer la donne. Alignée sur la riposte européenne, elle n’aura elle aussi qu’un effet marginal sur une économie russe qui profite à plein de la flambée des prix du pétrole et du gaz. Au final, cette modération de la réponse occidentale tranche avec la gravité d’une situation présentée par Joe Biden comme le début d’une invasion de l’Ukraine par la Russie et pourrait bien être interprétée à Moscou comme un signe de faiblesse.
François Vidal