Non. Je ne vis pas dans une grotte. J’ai bien compris que le célèbre Festival du même nom avait déjà eu lieu il y a plus d’un mois. « La Folle Journée » c’est le sous-titre du Mariage de Figaro, la pièce de Beaumarchais dont s’est inspiré Lorenzo da Ponte pour écrire le livret des Nozze di Figaro (accessoirement sans doute l’opéra le plus parfait jamais écrit par Mozart).
Ces Noces donc, qui respectent la règle de l’unité de temps chère à Boileau, sont en ce moment à l’affiche du Théâtre Graslin à Nantes, dans une nouvelle production confiée à deux metteurs en scène qui n’ont plus rien à prouver : Patrice Caurier et Moshe Leiser.
Le duo signe ici un spectacle d’un grand raffinement esthétique, où les Almaviva représentent un couple bourgeois des années 30, encore amoureux, mais tous deux guidés par leurs instincts. Car, et c’est l’une des belles idées de cette production, ici, la Comtesse n’est pas non plus un modèle de vertu et semble avoir depuis longtemps cédé aux avances pressantes du jeune Chérubin. Un parti-pris aisément justifiable lorsque l’on regarde l’affaire à la lueur de La Mère Coupable, suite et fin de la trilogie écrite par Beaumarchais, où notre Rosine est enceinte du jeune homme parti à la guerre.
Les décors et costumes jouent la sobriété et c’est au fil d’un élégant jeu de lumières que se déroulera sous nos yeux cette journée folle, avant de s’achever, à la nuit tombée, dans un jardin verdoyant.
Et c’est un plateau de chanteurs de haute volée qui vient dynamiser une direction musicale un peu molle de Mark Shanahan. En tête, on retrouve un Comte (Andrè Schuen, jeune baryton autrichien) d’une grande élégance, tant vocale que scénique, une sublime Comtesse (Nicole Cabell) au timbre cuivré et enveloppant, une Suzanne (Hélène Guilmette) piquante à la voix agile et un Figaro (Peter Kalman) truculent, aussi investi scéniquement que vocalement.
Pour les Nantais, c’est donc jusqu’au 14 mars au Théâtre Graslin, et les Angevins se délecteront à leur tour de cette nouvelle production à partir du 5 avril au Grand Théâtre.