Energie : Le nombre de passoires énergétiques en France plus important que prévu

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Le nombre de passoires énergétiques en France avait été estimé en 2018 à 4,8 millions. Ce chiffre qui a servi de base aux objectifs fixés par la loi Climat et résilience pourrait pourtant être revu à la hausse.

Le nouveau mode de calcul prend en compte les émissions de gaz à effet de serre

Le nombre de logements considérés comme des passoires énergétiques serait plus important que les estimations officielles. L’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) avait estimé, en janvier 2018, que le nombre de passoires énergétiques, c’est-à-dire les logements classés F et G sur une échelle allant jusqu’à A, s’établissait à 4,8 millions de logements. Ce chiffre pourrait être beaucoup plus important, selon des nouveaux critères. En effet selon le nouveau mode de calcul du diagnostic de performance énergétique (DPE), modifié à la fin de l’année 2021, il pourrait y avoir plus de passoires thermiques qu’il n’y paraît. Cela pourrait donc remettre en cause les objectifs fixés par la loi Climat et résilience, adoptés l’été dernier, qui a pour ambition d’éradiquer les logements très énergivores.

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Au-delà de la consommation d’énergie, ce nouveau calcul prend aussi en compte les émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, le nombre de logements classés comme passoires énergétiques risque d’augmenter. Jean-Marc Torrollion, président de la Fédération Nationale de l’Immobilier estime que « le nombre de passoires énergétiques va passer de 5 à 7 millions ». C’est donc un écart de 2 millions par rapport à l’ancienne méthode de calcul. Pourtant c’est bien la fourchette basse qui a été retenue par la loi Climat et résilience, pour le plan de rénovation, prévu jusqu’en 2028. Cette date correspond à l’interdiction de la mise en location des passoires thermiques : « on a calibré une loi sur des données erronées. Cela veut dire que le calendrier de rénovation énergétique ne sera pas tenable ».

 

Les objectifs du gouvernement sont intenables, selon l’Ademe

Si les chiffres se confirment, l’Etat devra revoir à la hausse l’enveloppe de 87 milliards d’euros, alloué à la rénovation. Selon Jean-Christophe Protais, président du Sidiane, Syndicat spécialiste des diagnostics immobilier, « il faut que ces nouveaux chiffres soient intégrés aux lois de finances successives. Le bilan de base n’est pas juste. Il faudra donc prévoir un budget supérieur de 15 à 20% pour l’ensemble des rénovations ». Dans tous les cas les objectifs sont intenables selon l’Ademe. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie prévoit qu’Il faudrait rénover 1 million de logements par an au minimum pour tenir les délais. Pourtant l’année dernière, seuls 2500 habitations sont sorties du statut de passoires énergétiques.

Eric Kuoch 

Ecoutez le reportage d’Eric Kuoch :

 

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