L’OPEP a accepté d’augmenter sa production de pétrole. Cette bonne nouvelle pour les Européens et les Américains, principaux demandeurs face à l’embargo russe, ne doit pas faire oublier que cette décision bénéficie également à Poutine allié des Saoudiens.
Le baril de pétrole pourrait dépasser les 140 dollars cet été
L’Arabie Saoudite ouvre en grand les vannes de ses puits de pétrole. Avec ses alliés de l’OPEP, Riyad se dit prêt à compenser les effets sur le marché de l’embargo européen sur le pétrole russe. C’est une victoire pour les Occidentaux qui militaient depuis plusieurs mois pour une forte hausse de la production de brut. En relevant beaucoup plus vite que prévu ses quotas de production en juillet et en août, l’OPEP semble se ranger à leurs arguments. Ainsi, cette décision devrait permettre de limiter la flambée des cours de l’or noir qui menace l’économie mondiale. Il faut tout de même rester vigilant car freiner ne veut pas dire stopper. En effet, le geste orchestré par Riyad ne compense pas entièrement le retrait forcé des barils russes. Les cours de l’or noir vont donc continuer à monter et au même moment la demande va repartir à la hausse. Avec le début des vacances estivales aux Etats-Unis, la fameuse « driving season« , et surtout le retour progressif à la normale de l’activité en Chine, le baril pourrait dépasser les 140 dollars cet été, soit 20% de plus qu’aujourd’hui.
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Pour autant il ne faut pas considérer cette annonce comme un non-évènement car en creux elle nous dit deux choses importantes. Dans un premier temps cette hausse de la production par l’OPEP rappelle à tout le monde que l’Arabie Saoudite est capable de faire la pluie et le beau temps sur le marché du pétrole. Tant que les producteurs américains ne seront pas en capacité de relever leur production, c’est-à-dire pas avant l’année prochaine au mieux, Riyad sera en position de force. La seconde leçon, sans doute la plus importante, est qu’en prenant cette demi-mesure le royaume saoudien ménage son allié russe. Elle lui permet de récupérer, grâce à la hausse des prix à venir, une bonne partie de ce que le Kremlin va perdre en ne pouvant plus exporter vers l’Europe. Un message à méditer dans les capitales occidentales, qui veulent faire de la Russie de Poutine un paria.
François Vidal