L’économie britannique est en plein boom. Elle a connu l’an dernier une croissance record de 7,5%, faisant mieux que la France et les Etats-Unis et beaucoup mieux que l’Allemagne.
A la fin décembre, l’activité au Royaume-Uni était toujours inférieure à son niveau de 2019
C’est une excellente nouvelle et la preuve que l’économie britannique n’a rien perdu de sa capacité de rebond. C’est aussi pour Boris Johnson, une occasion en or pour tenter de détourner l’attention du « Party gate », cette affaire de fêtes clandestines organisées à Downing street au printemps 2020, qui pourrait bien lui coûter son poste de Premier ministre. Mais une fois que l’on a dit ça, il faut quand même souligner que le compte n’y est pas. A la fin décembre, l’activité au Royaume-Uni était toujours inférieure à son niveau de 2019. Ce qui n’est pas le cas en France et encore moins aux États-Unis par exemple. En clair, contrairement aux Américains ou aux Français, les Britanniques sont aujourd’hui un peu moins riches qu’il y a deux ans. Et les choses ne vont pas s’améliorer, bien au contraire. Quel que soit l’évolution de la conjoncture, leur pouvoir d’achat va irrémédiablement plonger dans les prochains mois.
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Une ponction de 80 milliards de livres se profile, soit l’équivalent de 3,5% du PIB
Mais pourquoi plus qu’en France par exemple ? Parce que le Royaume-Uni n’est pas protégé par les hauts murs de la zone euro ni même, depuis le Brexit, par la solidarité européenne. C’est donc seul qu’il va devoir affronter deux défis de taille : le retour de l’inflation et le nécessaire redressement des comptes publics post-quoi qu’il en coûte. Et dans un cas comme dans l’autre, ce sont les ménages britanniques qui vont en payer le prix. Avec une première hausse des cotisations sociales à venir en avril afin de restaurer l’équilibre des comptes sociaux suivie d’une explosion de leur facture énergétique de 54% au printemps. Au total, c’est une ponction de 80 milliards de livres qui se profile, soit l’équivalent de 3,5% du PIB. Alors, le pays est au plein emploi et les ménages ont beaucoup économisé depuis deux ans. Mais le choc s’annonce quand même sévère pour un Royaume-Uni drapé dans son splendide isolement. Une leçon qu’il serait bon de méditer de ce côté-ci de la Manche où l’on est si prompt à crier au scandale face au risque d’un léger tassement du pouvoir d’achat.
François Vidal