Le prix du litre d’essence continue d’augmenter. En mars dernier le gouvernement avait pourtant mis en place une aide à la pompe de 18 centimes. Aujourd’hui, l’effet de cette mesure ne se fait plus sentir et certains spécialistes estiment que les fonds débloqués n’ont pas été utilisés à bon escient.
« L’enveloppe du gouvernement a profité autant aux cadres supérieurs qu’aux familles modestes »
Le gazole repart très largement à la hausse. Le litre a pris 6 centimes en une semaine et se vend désormais à 2,13 euros, à un centime de son record historique de mars. Pourtant en mars, il n’y avait pas la ristourne de 18 centimes du gouvernement. Cela veut dire que cette aide est presque en partie effacée pour le gazole. Alors que les départs en vacances approchent c’est une bien mauvaise nouvelle pour les automobilistes. Il est vrai qu’à la pompe cette ristourne n’est plus du tout visible aujourd’hui. Pour autant sans cette aide, ce serait bien pire confie Nadia Ziane de Familles Rurales.
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Selon elle, cette enveloppe de 3 milliards d’euros allouée par le gouvernement aurait dû être mieux ciblée car désormais elle n’aide pas les plus modestes à sortir du gouffre : « c’est de l’argent public qui a été mal dépensé. Le problème est que l’enveloppe du gouvernement a bénéficié autant aux cadres supérieurs qui roulent en 4X4, qu’aux familles de milieux ruraux obligées de parcourir 250 km en moyenne par semaine pour aller au travail, sans alternative à la voiture et qui ont souvent des revenus modestes ». Côté artisan, c’est aussi la douche froide. Stéphane Sercer, chef d’une entreprise de terrassement en Seine-et-Marne, se désole de voir le plein de son petit camion coûter désormais 130 euros au lieu de 80 il y a quelque temps : « comme l’entreprise transporte beaucoup de matériaux lourds, on ne peut pas se passer d’un camion. On optimise donc les déplacements au maximum et on refuse les chantiers à plus de 25km car cela n’est plus très rentable ».
« La seule solution pour faire baisser les prix est de faire baisser la demande »
Emmanuel Macron avait annoncé que cette ristourne de 18 centimes devait se prolonger jusqu’à la fin de l’été. Encore faut-il que la loi « pouvoir d’achat » soit votée. Les prix à la pompe pourraient tout de même un peu baisser la semaine prochaine car le prix du baril de pétrole a chuté ces derniers jours. Pourtant on ne reviendra pas à des niveaux de ceux du début de l’année. Selon Alexandre Andlauer, analyste financier chez Kpler, spécialiste du marché du pétrole, les carburants sont susceptibles de rester très chers : « une des façons de faire baisser les prix à la pompe serait que les pays du Moyen-Orient augmentent leur production. Malheureusement, ils sont au maximum de leur capacité de production donc il n’y a pas assez d’offre de pétrole actuellement sur le marché. Même si de nouveaux investisseurs arrivent, le pétrole sera disponible seulement dans 4 ans. Donc, cela ne règle pas le problème à court terme. La seule solution pour faire baisser les prix est de faire baisser la demande. Pour faire baisser la demande, il faut consommer moins. Mais pour consommer moins, il faut un ralentissement économique, c’est-à-dire une récession que personne ne souhaite ».
Emilie Valès
Ecoutez le reportage d’Emilie Valès :
Ecoutez l’intervention d’Alexandre Adlauer :