Surprise à Francfort ! Christine Lagarde a annoncé jeudi 10 mars que la Banque centrale européenne allait réduire plus vite que prévu son soutien à l’économie. Sa priorité est désormais de limiter l’envolée de l’inflation. Faut-il y voir le signe que les faucons ont pris le pouvoir à la BCE ?
La BCE fait de la lutte contre l’inflation sa priorité n°1
Ce changement de pied montre à quel point l’invasion de l’Ukraine a rebattu les cartes. Début février, Christine Lagarde estimait les risques inflationnistes comme passagers et se préoccupait surtout de l’évolution de l’activité économique. Un mois plus tard, tout a changé. La patronne de la BCE considère désormais l’inflation comme une menace pressante et durable. Or, l’inflation, c’est l’ennemi public numéro 1 des banquiers centraux, celui contre lequel leur arsenal est quasi-inopérant une fois le mouvement lancé. Dès qu’elle pointe le bout de son nez, ils essaient donc de lui tordre le cou. En clair, le signal envoyé hier est celui de la mobilisation générale. En faisant ce choix, la BCE prend donc le risque de sacrifier la croissance. Entre deux maux, elle a choisi le moindre d’une certaine manière.
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Et puis surtout, Christine Lagarde a pris soin de ne pas insulter l’avenir. En repoussant à une échéance indéterminée toute hausse de taux, d’abord. En se disant prête à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la stabilité financière de la zone euro, ensuite. Mais le plus important concernant la croissance, c’est le message subliminal qu’elle a adressé aux Etats de la zone euro en rappelant l’importance des mesures de soutien budgétaires dans des périodes comme celles que nous traversons. Une façon de dire aux dirigeants européens réunis à Versailles qu’ils devaient prendre leur part du fardeau. Un coup de pouce bienvenu au projet de dette commune poussé par la France, en dépit des réserves exprimées par l’Allemagne et les Pays-Bas et aussi l’esquisse d’une répartition des rôles. A la BCE, la lutte contre l’inflation, et aux Etats de la zone euro, celle contre la récession.
François Vidal