Face à la Russie, l’Europe prépare un bouclier économique

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L’Europe s’organise pour protéger son économie face au choc provoqué par l’invasion russe de l’Ukraine. Des réflexions sont en cours à Bruxelles et dans les grandes capitales européennes pour mettre en place une réponse coordonnée, à l’image de ce qui avait été fait contre le Covid.

L’Europe pourrait sombrer dans une crise profonde 

Dix jours après le début des hostilités, il est clair pour tout le monde qu’il ne s’agit pas d’une crise internationale passagère mais bien d’une rupture de l’ordre géopolitique dont les conséquences seront profondes et durables, y compris pour l’économie. Si la Chine est l’atelier du monde, la Russie n’est pas loin d’être la centrale électrique, la mine et le grenier de l’Europe. En clair, c’est un choc XXL que vont subir les entreprises et les ménages de tous les pays européens sous l’effet de la flambée des prix des matières premières et d’éventuelles pénuries. Il est donc logique de réfléchir à la mise en place d’un bouclier à l’échelle communautaire sous peine de voir le continent sombrer dans une crise profonde.

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Ce bouclier pourrait prendre trois formes

Mais quelle forme ce bouclier peut-il prendre ? C’est l’objet des débats en cours entre les dirigeants de l’Union. Ces débats devraient être tranchés au sommet de Versailles, le 10 et 11 mars. Mais au-delà de ce que pourrait faire la BCE de son côté, le bouclier pourrait prendre trois formes. D’abord celle d’une prolongation de l’état d’urgence budgétaire, pour permettre aux Etats de financer les coûteux mécanismes de compensation de l’envolée des tarifs de l’énergie sans se soucier de la règle des 3% de déficit. Ensuite, celle de la prise en charge, au moins partielle, des coûts directement liés au conflit comme l’accueil des réfugiés ou les livraisons d’armes. Enfin et c’est le point le plus critique, la création d’un véhicule commun pour financer les investissements nécessaires à l’indépendance énergétique de l’Union ou à la montée en puissance de sa défense. On parle au total d’une centaine de milliards d’euros. Ce n’est pas énorme par rapport aux 750 milliards du plan de relance anti-Covid surtout si c’est le prix à payer pour assurer notre indépendance dans le combat qui vient de s’engager.

François Vidal

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