Officiellement, la Banque Centrale Européenne a acté hier, le jeudi 16 décembre, le retrait progressif des mesures exceptionnelles mises en place pour soutenir l’économie de la zone euro face au Covid. Mais dans la réalité, les choses sont bien différentes.
Le programme d’urgence mis en place en mars 2020 va s’arrêter mais d’autres dispositifs existants vont le remplacer d’ici à la fin 2022
Il faut féliciter Christine Lagarde. Elle a réussi hier un numéro de passe-passe en donnant l’illusion du mouvement tout en restant immobile. Car, si on s’en tient à ses principales déclarations, on peut effectivement se dire que la BCE va mettre fin rapidement à ses opérations de rachats d’actions et d’obligations des Etats de la zone euro. A l’entendre, comme au siège des autres banques centrales, on considère manifestement à Francfort qu’il est temps de refermer la parenthèse du Covid sur le plan monétaire. Mais, si l’on y regarde de plus près, on se rend compte que la BCE ne va pas changer grand-chose à sa politique. Et qu’elle va en réalité continuer à apporter un soutien à l’économie important, au moment où ses homologues accélèrent le rythme du retour à la normale.
A lire aussi
Face à l’accélération de l’inflation, la Banque d’Angleterre a annoncé hier, une hausse des taux surprise. Quant à la Fed aux Etats-Unis, elle a ouvert la voie mardi à deux ou trois hausses de taux dès l’an prochain. Un tel scénario est exclu aujourd’hui pour la BCE au moins jusqu’à la fin de l’année prochaine. Mais surtout, c’est sur le front des rachats d’actifs que la Banque de la zone euro se distingue. Car si le programme d’urgence mis en place en mars 2020 va s’arrêter en sifflet, d’autres dispositifs existants vont le remplacer d’ici à la fin 2022. De quoi maintenir des injections de liquidité massive, de l’ordre de 40 à 50 milliards par mois, contre 60 milliards actuellement. Ce statu quo s’explique par le fait qu’une majorité des membres du conseil des gouverneurs de la BCE considère qu’il ne faut pas surréagir à une inflation jugée temporaire. Il faut espérer qu’ils ne se trompent pas. En attendant, les Etats, les entreprises et les ménages les plus endettés de la zone euro peuvent dormir sur leurs deux oreilles.
François Vidal