« Le taux du livret A augmentera en janvier », Bruno Le Maire n’a pas laissé de place pour le suspense hier matin. La rémunération du placement préféré des Français intègrera bien la forte hausse de l’inflation des six derniers mois.
55 millions de Français possèdent un livret A
Je sais bien que la protection du pouvoir d’achat est devenue la priorité numéro un du gouvernement. Et que cette hausse du taux du livret A, permettra au ministre de l’Economie de faire un geste pour les 55 millions de Français qui en possèdent un. Politiquement, l’effet d’affichage est donc parfait. Mais si l’on y regarde de plus près, cette décision n’aura qu’un impact marginal pour un coût élevé. Marginal d’abord, parce que les épargnants ne vont pas y gagner grand-chose, pour ne pas dire rien.
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Au 1er février, le taux ne remontera que très légèrement, passant de 0,5% à 0,8% sans doute. Quand on sait qu’un livret A moyen abrite 3 000 euros, cela signifie que le gain moyen par épargnant se limitera à 9 euros. Et encore, ce gain sera purement facial, puisqu’il ne permettra pas de couvrir la hausse des prix.
A 0,8%, le taux du livret A restera effectivement inférieur à celui de l’inflation attendu autour de 2,8%
Cette hausse est aussi une mauvaise affaire pour l’économie. Car, on l’oublie souvent, mais l’une des principales missions du livret A est de collecter de l’argent pour financer la construction de logements sociaux avec une ressource bon marché. Dès lors qu’on augmente le rendement du livret, c’est tout le business model des organismes HLM que l’on déstabilise. Sans compter que cela va à l’encontre des efforts déployés par la Banque Centrale Européenne pour maintenir les taux de financement de l’économie autour de zéro.
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En clair, cette mesure qui flatte l’électeur est sans effet ou presque sur l’épargnant, tout en pénalisant les citoyens les plus modestes. De quoi remettre en cause les règles qui président à un placement réunissant 350 milliards d’euros. C’est à se demander si le livret A, créé il y a plus de 200 ans maintenant, n’a pas fait son temps.
François Vidal