Ce disque n’est pas seulement une nouveauté : c’est le premier récital lyrique de notre Julie Fuchs nationale (on n’oublie pas d’épatants Debussy-Mahler avec l’excellent Alphonse Cemin chez Aparté), et sous un label mondial. Que dire sinon qu’elle crève l’écran ! Car sa voix nous fait non pas entendre mais voir son sourire, ses regards et ses soupirs. Elle impose le format d’une Yvonne Printemps avec une fraîcheur d’aujourd’hui. Aucune afféterie ne vient déparer ni travestir son chant : s’impose alors la parfaite modernité de ces pages fort variées. Aux Weill, elle offre une sensualité inattendue en français, avec un déhanché irrésistible, et au Ravel, une présence et une subtilité musicale évidentes. Elle survole avec une grâce extrême les pages du Roi Pausole d’Honegger.
Irremplaçable
Mais, avouons-le, c’est dans l’opéra-comique de pure extraction que Julie Fuchs se montre irremplaçable. Elle électrise le " Yes ! " d’Yvain, donne à " J’ai deux amants " un chic admirable. Elle est étourdissante dans " La Pouponnière " et surtout dans Phi-Phi, où elle fait valoir un sens de la diction et de la langue française qui nous ramène à des temps passés.
On ne boudera pas, par conséquent, la version française de La Veuve joyeuse, où se réveillent les fragrances d’une autre époque. Les extraits de Ciboulette et de No, no, Nanette achèvent de nous combler. Julie Fuchs (on le savait, mais cela se confirme) est dépositaire d’un art du chant français qui mêle intelligence et sensibilité. C’est une longue tradition qui revit son compère Stanislas de Barbeyrac n’est pas en reste ! et semble non pas copiée, voire exhumée, mais réinventée et vivante. Samuel Jean fait des merveilles et participe au charme entêtant de ce disque. Yes !, mille fois Yes !
YES UNANIME POUR LE PREMIER RÉCITAL DE JULIE FUCHS
Radio Classique
De "Ciboulette" à "La Veuve joyeuse" en passant par "No, no", "Nanette," "Phi-Phi" ou « J'ai deux amants », la jeune soprano française se démarque avec chic et éclat dans un nouveau registre.