VELOURS ET DIAMANT

La voix de Sabine Devieilhe dans un programme original et inspiré qui compare les airs écrits par Mozart pour les trois soeurs Weber.

Quoi ? Du miel ? Du sucré en tout cas. Ou plutôt du velours? Une matière caressante, c’est certain. Du diamant ? Oui, aussi, pour la pureté. Miel, velours et diamant, n’est-ce pas paradoxal ? Ce sont néanmoins les mots et les qualités qui viennent à l’esprit pour décrire la voix de soprano léger de Sabine Devieilhe.
Révélée ces dernières années par différents rôles, comme sa Lakmé à l’Opéra-Comique ou sa Reine de la nuit à l’Opéra Bastille, la jeune " Victoire de la musique " avait enregistré, il y a deux ans, un premier récital très prometteur pour Erato, " Le Grand Théâtre de l’amour ", consacré à Rameau (, voir Classica n° 158). Elle récidive avec Mozart dans un programme taillé sur mesure avec Raphaël Pichon, qui ménage une diversité de climats et d’affects susceptible de renouveler sans cesse l’intérêt de l’écoute. Les airs de concerts, pages sacrées et extraits d’opéras alternent ainsi avec des interludes instrumentaux destinés à des effectifs variés, de l’ouverture du ballet Les Petits riens à l’Adagio pour deux cors de basset et basson K. 410.
Le disque se veut hommage aux soeurs Weber, Josepha, Aloysia et Konstanze, trois femmes, trois muses, trois voix, comme autant de visages d’un compositeur trouvant le chemin de sa liberté dans l’inspiration de l’être aimé. Sabine Devieilhe en suit les contours avec une grâce légère, un naturel et une souplesse confondants que rehaussent une insolence dans les aigus, une richesse de timbre, une qualité de projection assez unique aujourd’hui. Et la jeune soprano fait montre d’une autorité nouvelle, sans doute acquise sur scène, qui transparaît par exemple dans un Der Hölle Rache d’anthologie. Alors ? Miel, velours ou diamant? Peu importe, n’hésitez pas !