UN PREMIER JOUR RADIEUX

Le troisième concert du Nouvel An à Vienne de Mariss Jansons est assurément son meilleur et un des modèles du genre. Un régal.

Le 1er janvier dernier, le chef letton était invité pour la troisième fois à diriger le Concert du Nouvel An, seul événement planétaire qui oblige certains à se lever très tôt et d’autres à se coucher très tard… Il en va ainsi des traditions musicales dont les Viennois se sont fait une spécialité touristique et télévisuelle. D’ailleurs, à chaque nouvel an, on se dit qu’on ne nous y reprendra plus… Et puis, en jetant négligemment un œil à l’écran, on se laisse capter et la magie opère. Une magie qu’il faut renouveler à Vienne, à défaut de changer le rituel des bouquets de fleurs qui surchargent la grande salle du Musikverein, l’angle des caméras (ce concert paraît simultanément en DVD chez le même éditeur) et les incontournables deux derniers tubes. Il reste alors le choix de partitions nouvelles, dans un catalogue vaste de quelques centaines pièces. Comme chaque année, nous avons droit à une pincée de compositeurs accueillis pour la première fois : Émile Waldteufel (le roi de la valse sous notre Second Empire), mais aussi Robert Stolz et Josef Hellmesberger. Et quelques pièces bien enlevées : Violetta de Stolz, Ausser Rand und Band d’Eduard Strauss, Sängerlust de Josef Strauss… Autant d’extraits d’opérettes, valses et polkas oubliées, que l’orchestre joue avec un engagement sidérant. Il est vrai que Jansons impose son charisme. Il suggère et laisse toute liberté aux solistes, allège et allège encore la pâte sonore, oublie avec un charme fou le troisième temps de toutes les valses (à Vienne, il demeure facultatif…). L’orchestre rutile avec cette tension électrique inégalée et qui " mordille " les accords. Comment font-ils ,de si bon matin ? Des trois concerts de Jansons (il y eut 2006 et 2012), on préférera ce dernier, véritablement incandescent. L’un des grands concerts du Nouvel An avec ceux de Karajan, Kleiber et Harnoncourt.