Les Tréteaux Lyriques, toqués d’Offenbach depuis 45 ans

Un groupe de bénévoles chante Offenbach et reverse les bénéfices à des associations

PARIS, 27 nov 2013 (AFP) – Le jour, ils sont chef d’entreprise, syndicaliste, avocat ou président de la Ligue de football professionnel. Le soir, ils chantent dans "La Créole", une opérette d’Offenbach donnée par les "Tréteaux Lyriques" pour douze représentations jusqu’au 19 janvier à l’Espace Cardin.

L’association a été fondée en 1968 par une "bande de copains fans d’Offenbach", raconte la présidente Caroline de Rougé, une jeune femme pétulante de 37 ans.

D’une dizaine "de potes" à l’époque, la troupe est passée dans les années 1990 à 45 chanteurs, tous bénévoles. Le plus âgé a 75 ans, le plus jeune 23, certains ne lisent pas la musique tandis que d’autres sont presque professionnels.

Pour intégrer l’association, deux conditions: avoir l’oreille juste et… aimer Offenbach. Le prolifique auteur d’opéras bouffe, d’opérettes et d’opéras est en effet l’unique répertoire de l’association.

"Il s’agit à la fois de faire connaître ses oeuvres, de promouvoir l’art lyrique auprès du grand public, et d’aider des associations", explique Caroline de Rougé.

Tous les deux ans, la troupe monte une opérette et reverse intégralement les bénéfices à quatre associations, soit 40.000 euros en moyenne. Cette année, Perce-Neige, l’association de Lino Ventura pour adultes handicapés, FIDEI (projets au Burkina Faso et au Sénégal), Agapa (aide aux personnes ayant vécu un deuil périnatal), et Les Enfants de la Goutte d’or sont les bénéficiaires.

"La Créole", beaucoup moins connue que "La Belle Hélène" ou "La Grande Duchesse de Gérolstein", est un joyeux vaudeville situé aux Antilles. L’oeuvre est jouée pour la première fois dans sa version originale depuis sa création en 1875. Elle avait été transformée en 1934 en comédie musicale burlesque par Albert Willemetz pour Joséphine Baker.

Au coeur de l’intrigue riche en rebondissements, un personnage fort en gueule et au coeur tendre, le Commandant de Feuillemorte, colonialiste à outrance, est manipulé par tous les personnages, à commencer par "La Créole", Dora.

"Le commandant" Thiriez

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Frédéric Thiriez, président de la Ligue de football professionnel, incarne le Commandant, "une sorte de capitaine Haddock", dit-il en riant. Membre des Tréteaux Lyriques depuis douze ans, il s’y investit à fond. "Je ne rate pratiquement pas de répétition", assure celui qui mène de front son activité d’avocat et de dirigeant sportif, et sa pratique du chant. A l’approche des représentations, les Tréteaux Lyriques répètent pas moins de deux fois par semaine et un week-end sur deux.

Frédéric Thiriez a hérité de sa mère, chanteuse de variétés, l’amour de la scène. "La pratique amateur c’est le bonheur total, on n’a pas les contraintes professionnelles", souligne-t-il. "Mais attention, on n’est pas une fête de patronage: on est encadrés par des pros et on est très exigeants".

Outre des musiciens professionnels (l’orchestre Ad Lib mené par le chef Laurent Goossaert), la troupe bénéficie de décors conséquents, réalisés par la section "arts du spectacle" du Lycée Léonard de Vinci à Paris, et des costumes conçus par trois lycées professionnels, à Nogent-sur-Marne, Dole (Jura) et Châlons-sur-Saône.

Le spectacle sert aussi de tremplin aux jeunes chanteurs qui veulent devenir professionnels. Chaque année, environ 10 à 15% de la troupe est renouvelée, par le biais d’auditions à l’automne. L’esprit des Tréteaux Lyriques n’en souffre pas. "Il y a un vrai esprit d’équipe, comme dans une équipe de foot", conclut Frédéric Thiriez.

"La Créole" de Jacques Offenbach, Espace Pierre Cardin à Paris jusqu’au 19 janvier.