Il y a six mois un dramatique incendie ravageait une grande partie de la cathédrale Notre-Dame-De-Paris. Parmi les nombreuses conséquences préjudiciables, l’obligation pour la célèbre Maîtrise de Notre-Dame de trouver de nouveaux financements, d’autres lieux de représentation et de réorganiser sa saison 2019-2020.
Le budget de la Maîtrise de Notre-Dame fragilisé
Le 15 avril 2019, en quelques heures, les flammes ravageaient la toiture de Notre-Dame et endommageaient irrémédiablement une grande partie de la nef, le coeur de la cathédrale où retentissaient chaque semaine les chants des choeurs depuis plus de 800 ans. La scène majestueuse où se produisait la Maîtrise de Notre-Dame, créée en 1991 à l’initiative de Jacques Chirac, maire de Paris, Jack Lang, ministre de la culture et Mgr Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris à l’époque. Une catastrophe pour les chanteurs de l’institution qui l’ont vécue comme un drame personnel. « J‘ai eu l’impression que ma maison brûlait. C’était terrible ! » déclarait Clémence Vidal, mezzo soprano et élève de 2e année, peu après l’incendie. Comment alors imaginer que cette activité, qui concerne 160 chanteurs et 35 professeurs, soit mise entre parenthèse pendant 5 ans (durée théorique des travaux de réhabilitation) ? Parmi les contraintes auxquelles Musique Sacrée de Notre-Dame doit faire face, il y a, évidemment, l’aspect financier, le financement qui permet au chœur de continuer son activité tant artistique qu’éducative. Dans un premier temps, la Maîtrise a pu trouver une aide bienvenue (100 000 €) de la part de l’Ambassade de Suède (Un partenariat lie les chanteurs de Notre-Dame et ceux de la maîtrise de Stockholm pour 3 ans). Des fonds qui ont déjà permis de financer, notamment, le remplacement du matériel ravagé lors de l’incendie (aubes des chanteurs, partitions, piano…) mais on est encore loin des 500 000 euros manquants (sur un budget annuel de 2 millions €) que représente la subvention jusqu’alors versée par Notre-Dame (En plus de celles de la Ville, de l’Etat, du diocèse et du mécénat). « Du jour au lendemain, la cathédrale ne reçoit plus rien puisque tout ce qui est visite du trésor, de l’église, les ventes de cierges… est réduit à zéro. Et puis la majorité des dons vont à la restauration de l’édifice. C’est bien mais il est important que les gens comprennent que cette cathédrale est vivante et que ce ne sont pas que des pierres.« , rappelle Henri Chalet, directeur artistique et chef de choeur principal de la Maîtrise.
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La Maîtrise de Notre-Dame doit se reconstituer un public
Mais ce qui a surtout mobilisé toute l’équipe dirigeante de la maîtrise, c’est la recherche de nouveaux lieux de répétitions, de représentation et des dates de concerts dans d’autres endroits pour séduire un nouveau public, alors que l’institution se produisait plus de 1000 fois par an lors des messes à Notre-Dame et plusieurs fois par semaine en concert et en tournée. Depuis avril, la Maîtrise n’a donné qu’une quinzaine de concerts dans de grandes églises parisiennes (St-Eustache, St-Sulpice, St-Séverin et St-Etienne du Mont) et accompagne, depuis le mois d’août, les offices de l’église Saint-Germain l’Auxerrois où ont été délocalisées les messes de Notre-Dame, mais souvent devant une maigre assistance (exceptée lors de la messe des obsèques de Jacques Chirac). À peine une centaine de spectateurs parfois, quand près d’un millier de personnes, fidèles et touristes, venaient écouter les chœurs dans la prestigieuse cathédrale parisienne. « Il y a moins de touristes, moins de passage. Avant, les gens venaient sans trop savoir ce qui se passait et ils écoutaient, là c’est différent, le public est moins nombreux« , se désole Clémence Vidal. Il faut également s’habituer à de nouvelles conditions accoustiques. « Ça change beaucoup, parce que les voûtes sont immenses à Notre-Dame, il y a 33 mètres de hauteur, donc on était sonorisé. Ailleurs, on ne l’est pas, mais c’est aussi agréable, on se retrouve avec notre intimité artistique« , explique la jeune soprano Marthe Davost.
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Ce mardi 15 octobre à 20h30, en l’église Saint-Etienne du Mont (Paris 5), l’ensemble vocal de Notre-Dame de Paris, dirigé par Sylvain Dieudonné, interprètera la messe de Notre-Dame de Guillaume de Machaut, des chants grégoriens et de la musique médiévale.
Philippe Gault (avec AFP)