A Vienne, Abbado nous avait révélé Fierrabras, mis en scène par Ruth Berghaus, dont subsiste un CD poétique (qu’est devenue la VHS ?). Welser Möst en a dirigé à Zurich une version bizarrement mise en scène par Claus Guth, exportée au Châtelet, le DVD existe (avec Kaufmann). C’est Harnoncourt qui devait assumer cette première salzbourgeoise après avoir recréé tant d’autres Schubert à Zurich.
Metzmacher fait mieux que le remplacer, il insuffle animation, rythme et (presque) vraisemblance à cette fresque héroïco-élégiaque, entre Francs et Maures, très contrastée argent-noir de suie (sinon manichéenne).
Peter Stein n’a pas craint de la prendre en tout premier degré, avec heaumes et ferblanterie d’époque, s’abstenant d’y chercher (comme Guth à son plus égaré) une psychanalyse et une représentation de… Schubert en personne. Et c’est tant mieux. Livre d’images mais si bien illustré ! Et défendu par un si bon cast ! Les femmes l’emportent aisément, toutes deux filles de roi, Kleiter, du Franc, toute nimbe et argent, et Röschmann voiles et noir fumée du Maure.
Cette Florinda est l’héroïne du jour, son duo superbement chantant, ses deux airs contrastés, son mélodrame véhément constituant un ensemble vocal dramatique rare pour l’époque. L’Églantine d’Euryanthe, l’Ortrud de Lohengrin sont déjà là, vocalement typées – mais bonnes (la noirceur n’est que de peau). Superbe. Schade et Werba, héros non moins contrastés, cèdent la préséance à l’Eginhard nouveau venu, chevaleresque et bien chantant, Benja min Bernheim. Un chef-d’oeuvre mineur, merveille d’instrumentation, aux choeurs épatants, trouve à Salzbourg, enfin, reconnaissance pleine.
LE VAILLANT CHEVALIER FIERRABRAS
Radio Classique
Après Claudio Abbado, c'est au tour de Metzmacher de s'attaquer à cette fresque entre Francs et Maures au héros bien nommé. Cette interprétation de l'opéra de Schubert s'impose comme référence en DVD.