Le Bayerische Staatsoper lance sa « soundmachine », un dispositif vous permettant de reproduire les bruits des salles de concerts durant les retransmissions en ligne que l’institution organise : applaudissements, orchestre qui s’accorde, mais aussi huées, sonneries de portables et quintes de toux …
L’objectif de l’initiative de l’Opéra d’Etat de Bavière est clair : remplir le vide créé par une performance en ligne
Les auditeurs et musiciens de musique classique admettront que le joyeux cérémonial du concert n’aura jamais été tout à fait le même lors des concerts en ligne proposés durant la pandémie : entrées et sorties d’artistes qui se font sans applaudissements, pas de discussions entre amis à la fin du concert, peu d’interactivité, séance de bis supprimées … il est difficile d’adapter le spectacle vivant à une retransmission sans public. L’initiative de l’Opéra d’Etat de Bavière aura au moins le mérite de faire sourire les mélomanes et leur faire réentendre des bruits qu’ils n’ont pas entendu depuis des mois, dont le la fièrement scandé du hautbois suivi des vents puis de l’orchestre entier qui s’accorde, un son rituel que l’on associe au concert.
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L’objectif d’une telle initiative est clair : remplir le vide créé par une performance en ligne. Le monde du sport s’est posé les mêmes questions pour pallier un manque autant visuel qu’auditif, et y a apporté des réponses parfois similaires : diffusions de chants des spectateurs dans les stades, plans serrés pour masquer les gradins vides, tifos déployés en amont pour rappeler aux joueurs le soutien de leurs ultras ou écrans diffusant les visages de supporters ou même des membres de la famille des sportifs. Le spectacle vivant est bâti sur la relation entre un performeur et un public et a depuis toujours été développé autour d’une interactivité, interactivité dont nous sommes bien logiquement incapables de nous défaire, alors la solution est d’essayer au maximum de faire comme si de rien n’était en maquillant les traces du virus.
Les concerts nous manquent-ils au point de regretter les sonneries de téléphone et les quintes de toux entre les mouvements ?
Si l’ambiance surchauffée d’un stade de football ajoute indéniablement une dimension supplémentaire à l’expérience du match, il est moins évident que cela soit le cas pour une sonnerie de portable ou une quinte de toux dans un concert de musique classique. Un des objectifs de la soundmachine -et c’est réussi – est probablement d’attirer un coup de projecteur sur les différents opéras et ballets que le Bayerische Staatsoper propose en streaming. Une telle initiative nous montre également, en faisant revenir à nos oreilles tout ce que l’on détestait lors d’un concert, à quel point le spectacle vivant nous manque. Les auditeurs de musique classique n’ont probablement jamais eu autant envie d’une coda ou d’un moment lyrique gâché par une sonnerie indésirable !
Rémi Monti
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