John Tavener est mort

Le compositeur anglais était âgé de 69 ans

Le compositeur britannique John Tavener est décédé à l’âge de 69 ans, à son domicile de Child Okeford, au sud de l’Angleterre. Une première attaque cardiaque, en 1979, suivie d’une seconde, en 1990, avait révélé que le musicien souffrait d’insuffisances respiratoires chroniques, et qu’il était victime du syndrome de Marfan – une maladie héréditaire. Si les Français le connaissent peu – et l’apprécient guère (…) -, c’est probablement que sa musique, fortement teintée de mysticisme et contemplative, et se situant à des niveaux d’écoute assez faible, ne correspond guère à leur goût… C’est tout le contraire dans son pays natal, où il est l’un des artistes les plus populaires, depuis la création de sa cantate The Whale, qui le révèle à l’âge de 24 ans, le 24 janvier 1968, au cours d’un concert donné par la London Sinfonietta (dont c’est la première apparition en public), avec également au programme des œuvres d’inspiration religieuse de Stravinsky. Le succès se prolonge deux ans plus tard, avec l’enregistrement de sa cantate sur le label des Beatles, Apple. Mélange de musique sérielle et d’électronique, cette œuvre " sérieuse " est néanmoins influencée par le jazz et la pop…
John Lennon et Ringo Starr (qui assista en outre aux répétitions) étaient de grands fans de la musique de Tavener, et c’est tout naturellement qu’ils publièrent The Whale sur leur label, ainsi que le second disque de John Tavener, The Celtic Requiem – deux vinyles aujourd’hui réunis en un seul dans la réédition Apple/EMI, de 2010. Le langage du compositeur s’est ensuite débarrassé de quelques tics de la musique dite d’avant-garde, au point d’adopter un certain syncrétisme dans l’emploi de textes provenant à la fois de la religion grecque orthodoxe (à laquelle il se converti, en 1977), du bouddhisme, du judaïsme, de l’islam et des Indiens d’Amérique : The Lamb, The Protecting Veil, Annunciation, Akathist, The Veil of the Temple... L’immense succès de John Tavener – en terme de vente de disques – est à rapprocher, selon le musicologue Alex Ross (*) de celui des compositeurs Arvo Pärt et Henryk Gorecki qui, eux aussi, composent une musique qui est une " oasis de calme, un repos, dans un univers saturé de technologie et d’informations de tout ordre ".
Homme de contraste, il collectionnait les voitures de luxe comme une superstar. Sa stature imposante – il mesurait près de deux mètres de haut -, sa chevelure abondante retombant sur ses épaules, et la plupart du temps vêtu d’un blanc immaculé, il avait tout d’un druide sorti d’un autre âge. Seuls les bagues aux doigts et un imposant collier doré pouvaient faire songer à l’accoutrement de certains rockeurs, ou encore au légendaire et totalement excentrique producteur Phil Spector.

(*) Alex Ross, The Rest is Noise / À l’écoute du XXe siècle, Actes Sud, 2010.