Formé à Meaux auprès de Sébastien de Brossard, le jésuite Henry Madin obtint en 1742 la charge de gouverneur des pages de la Chapelle du roi, succédant ainsi à André Campra. Parmi la vingtaine de motets inscrits à son catalogue, Diligam te, Domine demeure le plus célèbre: il fut régulièrement joué au Concert spirituel entre 1741 et 1762. Stylistiquement, les Motets de Madin sont représentatifs du genre qui s’épanouit au sein de la Chapelle royale de Versailles. Leur construction évoque l’art de Lalande tandis que le coloris orchestral annonce Mondon-ville. Composé à la gloire de Louis XV, le Te Deum, " le plus long jamais composé sous l’Ancien Régime ", est en tout point digne de ceux signés Lully et Charpentier. Ses trompettes et timbales laissent la place, lors des récits, à une orchestration empreinte d’une grande tendresse, d’où se détache le pupitre des flûtes. Il s’agit, sauf erreur, du premier enregistrement de ces oeuvres, les parties manquantes du Te Deum ayant dû être reconstituées pour l’occasion. Daniel Cuiller dirige avec panache et sensibilité un Stradivaria des grands jours, riche d’une palette miroitante de timbres. Si leur déclamation n’est pas aussi châtiée que celle des Arts Floris1sants (nous sommes en public), Les Cris de Paris s’acquittent de leur tâche avec brio, notamment dans les entrées fuguées du choeur " Laudans invocabo Dominum ". Malgré quelques tremblements dans la voix, Alain Buet se distingue toujours par la noblesse de son chant. Robert Getchell ose de fragiles pianissimos (" Tu ad liberandum "), Anne Magouët rivalise de volutes avec la flûte (" Aterna fac cum sanctis "). Cette équipe convaincue signe un disque aussi enthousiasmant qu’utile.
FASTES À LA CHAPELLE DE VERSAILLES
Radio Classique
Consacré à la gloire de Louis XV, ce programme de musique sacrée enregistré in situ oscille entre luxe choral et intimité soliste.