DEUX CHOCS CHOSTAKOVITCH

Valery Gergiev et l'Orchestre du Théâtre Mariinski poursuivent leur investigation de l'oeuvre de Dimitri Chostakovitch avec deux parutions exceptionnelles.

Un coffret DVD regroupant l’intégrale des Symphonies et Concertos captés à la Salle Pleyel, un nouveau volume de l’intégrale audio des Symphonies : avec ces deux parutions, l’interprétation des oeuvres de Dimitri Chostakovitch par Valery Gergiev et l’Orchestre du Théâtre Mariinski se révèle d’une richesse inouïe. Dans la Neuvième Symphonie, il est possible de comparer Gergiev à lui-même : Philips a publié un premier enregistrement de 2002. La nouvelle version l’emporte largement en termes de clarté, d’expression, d’esprit, de style, et rejoint Kondrachine, Jansons et Bernstein en tête de la discographie. En complément, on trouve le très sombre Concerto pour violon op. 77. Les climats développés dans cet immense chef-d’oeuvre sont d’une diversité et d’une ferveur sans égal. Kavakos et Gergiev fusionnent tous les aspects de la partition en un flux musical continu, tendu par l’émotion. Nous tenons là aussi une référence moderne, à mettre en perspective avec les témoignages historiques d’Oistrakh, Kogan et Mordkovitch. Pour que cette intégrale CD des symphonies soit complète, restent encore à faire paraître les Symphonies nos 12 à 14.
On retrouve cette extraordinaire " machine à jouer Chostakovitch " qu’est devenu l’Orchestre du Mariinski dans l’intégrale vidéo proposée par ArtHaus dans de somptueuses conditions éditoriales (présentation des oeuvres par le chef, documentaire sur le compositeur, livret détaillé de 150 pages ­ en français et très bien illustré !). " Nul comme Gergiev n’arrive à supprimer l’enflure du trop exclamatif et à rendre lyrique l’hyperbole ", écrivait très justement Dominique Fer- nandez dans Classica après ces concerts parisiens. L’intensité de ces interprétations, leur souffle épique, la justesse des tempos, le sens de la respiration et des contrastes rappellent Kondrachine, tandis que la poésie glaçante semble tout droit venir de Mravinski, modèle avoué de Valery Gergiev, qui bénéficie d’une phalange à la richesse de timbre supérieure. Les Symphonies nos 4 à 8 sont particulièrement admirables, tout comme les Concertos pour piano avec Trifonov (n° 1) et Matsuev (n° 2). Un coffret historique.