Cher pays de notre enfance

Le festival d’Angoulême, qui s’est clôturé dimanche, a décerné son prix du public à Cher pays de notre enfance. Une bande-dessinée qui explore les coins sombres de la Ve République.

La veste tachée de sang du général de Gaulle annonce d’emblée la couleur. De la couleur pourtant, il y en a peu dans cette BD tout en noir et blanc, qui raconte l’enquête que mènent le journaliste Benoît Collombat (grand reporter à France Inter) et le dessinateur Etienne Davodeau autour de quelques  affaires irrésolues qui ont émaillé la vie politique française dans les années 1970.

Au fil des cases, on assiste à l’enquête des deux auteurs. On les voit fouiller dans les archives, interroger les témoins, tâtonner et avancer à petits pas, pour tenter de démêler le passé trouble de la Ve République, de l’assassinat du juge Renault en 1975 à la mort énigmatique (au suicide ?) du Ministre du Travail Robert Boulin en 1979, avec comme fil rouge le rôle controversé du SAC (Service d’action civique, groupuscule proche de Gaulle). Le trait est sobre et percutant, et  le propos l’est tout autant, témoignant d’une recherche documentaire très fournie ; Cher pays de notre enfance est le mariage réussi entre la bande-dessinée et le journalisme d’investigation.

Cher pays de notre enfance, d’Etienne Davodeau et Benoît Collombat, Futuropolis