A cause du manque de personnel, 60 hôpitaux ont déclenché le plan blanc. Ce plan d’urgence habituellement réservé aux scénarios catastrophes alerte sur la fatigue des travailleurs hospitaliers
Ce plan d’alerte permet la déprogrammation des opérations non urgentes
C’est du jamais vu. Une soixantaine d’hôpitaux à travers la France ont déclenché le plan blanc depuis le début du mois d’avril. A Strasbourg, Orléans, la Rochelle, ou encore Roubaix, un dispositif permettant la mobilisation exceptionnelle du personnel soignant a été enclenché. Ce plan d’alerte permet aussi la déprogrammation des opérations non urgentes. Réservé en cas de catastrophes naturelles ou d’accidents industriels, et souvent déclenché ces deux dernières années lors des pics de l’épidémie de Covid, c’est la première fois que ce dispositif entre en action pour cause d’absentéisme du personnel.
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En effet, à l’hôpital de Roubaix, 60 postes de soignants sont vacants. cela représente 20% du personnel. Arrêt maladie, démissions en cascade, mis au pied du mur, le directeur a déclenché le plan blanc. Les congés sont annulés et les temps de travail rallongés. l’objectif est de maintenir à flot les services essentiels. Selon Jacques Adamski, infirmier à Roubaix, c’est une situation désespérée. : « Le personnel hospitalier encore présent travaille 12 heures par jour. On s’occupe prioritairement des urgences. Les soins qui ne nécessitent pas d’opération immédiate sont reportés ».
« En tirant sur la fatigue de ceux qui sont encore en poste, on met en danger les patients »
Le travail de nuit est imposé et on déprogramme un grand nombre d’opérations. Les plans blancs ne pourront pas être maintenus très longtemps. Pire, pour l’anesthésiste-réanimateur Arnaud Chiche, président du collectif santé en danger, ils accentuent l’absentéisme : « c’est un cercle vicieux. En tirant sur la fatigue de ceux qui sont encore en poste, on met en danger les patients. Ce stade ultime entraine des arrêts maladie et des burnouts. Il n’y a plus d’élasticité du système donc on aboutit à un point de rupture ». Pour tenir cet été, les hôpitaux misent sur les nouveaux diplômés qui sortent d’école d’infirmiers. Pourtant les médecins ne sont pas dupes, peu de diplômés iront travailler dans les conditions d’un plan blanc. L’an dernier déjà, ils étaient 60% à avoir préféré le secteur hospitalier privé.
Rémi Pfister
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