L’inquiétude grandissante autour d’une forme d’hépatite aiguë touchant des enfants dans plusieurs pays ne faiblit pas. Malgré les enquêtes scientifiques en cours, le mystère demeure.
Après deux ans de mesures d’hygiène, les enfants seraient plus fragilisés car moins exposés à ces virus
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) décompte près de 170 cas répartis dans 11 pays européens et aux États-Unis. Cette forme d’hépatite, d’origine encore inconnue, touche les enfants âgés d’un mois à 16 ans. La majorité des cas ont été signalés au Royaume-Uni, plus d’une centaine, et dans une vingtaine de cas, une greffe de foie a été la seule solution. Pour l’heure, la piste privilégiée est celle des adénovirus, ces virus courants qui peuvent provoquer un rhume ou une pneumonie. Il en existe plus d’une cinquantaine différents, tous très contagieux, mais c’est donc peut-être une forme inconnue mêlée aux conséquences de la pandémie de Covid-19 qui pourraient expliquer l’émergence de cette épidémie d’hépatite qui touche les enfants.
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Ces enfants tombent gravement malades. En quelques jours, les cellules du foie se détruisent et la piste virale est privilégiée, car chez 8 patients sur 10, le même adénovirus a été retrouvé. C’est un genre de virus du rhume très répandu, mais après deux ans de mesures d’hygiène, les enfants seraient plus fragilisés car moins exposés à ces virus. Le pédiatre et infectiologue Robert Cohen explique que pendant cette période, « les enfants n’ont pas été en contact aussi fréquemment qu’avant avec d’autres virus, ils peuvent faire des réactions anormales immunitaires à des infections virales qui avant étaient plus banales ».
Les jeunes patients britanniques n’étaient pas vaccinés contre la Covid-19
Mais certains scientifiques sont perplexes : pourquoi un virus responsable habituellement de rhume ou de pneumonie s’attaque brutalement au foie. La réponse viendrait peut être du Covid. En Angleterre, tous ces jeunes patients l’avaient contracté, et, point important, aucun n’avait été vacciné. Philippe Froguel généticien à l’Imperial College de Londres indique qu’il y a une autre hypothèse, celle que ces enfants auraient une déficience de l’immunité liée à la Covid-19 : « ce virus d’habitude bénin va donner quelque chose de grave, et ça va toucher le foie ». C’est désormais une course contre la montre. Les Britanniques tentent de séquencer cette adénovirus, car il pourrait s’agir d’une toute nouvelle variante de ce genre de pathogène habituellement banal. Mais l’OMS prévient : c’est peut être la combinaison de tous ces facteurs qui déclenchent ces hépatites…
Rémi Pfister
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