Entre Fauves de Colin Niel : la traque d’une tueuse de lions

Entre Fauves est une pure merveille signé Colin Niel. Ce récit passionnant renversant les rapports entre le prédateur et sa proie est paru dans l’excellente collection noir des éditions du Rouergue.

Colin Niel est ingénieur agronome, ingénieur du génie rural et des eaux et forêts

Dès sa publication, la photo a entraîné un déchaînement d’injures et d’appels au meurtre : la jeune femme blonde, arc à la main, posait devant la dépouille d’un énorme lion du désert à crinière noire …

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Le trophée de chasse est exceptionnel pour ce « prélèvement » effarant d’un animal en voie d’extinction. La fille a utilisé Leg Holas comme pseudo, donc pas moyen de mettre un nom sur la chasseresse. Heureusement pour elle, car elle y serait passée. Parmi ceux qui ont vu cette image répugnante, il y a Martin, guide du Parc national des Pyrénées, foncièrement anti-chasse et pour l’heure très préoccupé de la disparition de Cannellito, fils unique de Cannelle, la dernière ourse pure pyrénéenne tuée par un chasseur en 2004. Si son rejeton a aussi pris une balle, alors la race est éteinte. L’idée de la disparition de l’espèce rend Martin fou furieux.

Le précédent roman de Colin Niel, Seules les bêtes, a reçu 9 prix littéraires!

A force de scruter à la loupe le cliché de la tueuse de lion, Martin finit par remarquer un tout petit détail qui va le mettre sur sa trace, et sa trace est toute proche, dans le Béarn voisin. Pour le garde assermenté se pose alors la question de savoir si le sang du lion appelle celui de sa meurtrière. Surtout, ne vous prononcez pas trop vite : « la vie d’un fauve contre celle d’une femme, n’importe quoi ! », ou bien : « Il faudrait lui tirer une flèche à celle-là ».

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Là est tout le talent de Colin Niel de ne jamais tomber dans le piège facile du tout noir / tout blanc. Au fil des chapitres se succèdent les voix de Martin, de la chasseresse et aussi d’un jeune éleveur Namibien dont le fameux lion a dévoré tout le cheptel. Le tout est très habilement mené, jusqu’au final 100% pyrénéen, inattendu et politiquement incorrect.

Bernard Poirette