Serait-ce le début d’une intégrale dont nous recevons le premier jalon gravé il y a 11 ans ? On l’espère, tant le pianiste et chef d’orchestre propose une lecture de très belle facture de la " Titan ". Kocsis conçoit l’œuvre à l’opposé de la majorité des versions récentes qui observent chaque détail de la partition au risque d’offrir, comme cela arrive souvent, des approches purement analytiques. Il se régale – et nous avec lui ! – du caractère encore juvénile des dynamiques et des contrastes des timbres. L’approche avant tout romantique, puise chez Mendelssohn et Schumann le caractère imprévisible de l’écriture mahlérienne. On pourra critiquer Kocsis d’avoir inclus le fameux mouvement Blumine d’une valeur moindre et que Mahler avait fini par écarter. À juste titre. On admire en revanche le Kräftig bewegt qui suit. Carré, mais élégant, inspiré par un caractère pastoral qui n’est pas surjoué, il se déroule avec une belle franchise. Les timbres des vents sont délicieusement colorés. Tout pétille avec une vie intense et sans baisse de tension.
Quelques problèmes d’intonation au violoncelle dans l’avant-dernier mouvement ne gâchent pas une atmosphère réjouissante, composée de musique de kiosque, de fanfare militaire et de souvenir lointain d’une fête juive. Tout cela est mené avec une vigueur magnifique et un caractère des plus affirmés (clarinette et timbales). L’orchestre n’est pas le plus " parfait " que l’on ait entendu (on mesure ici la différence de patine avec l’Orchestre du festival de Budapest dont Kocsis fut l’un des fondateurs avec Ivan Fischer). Mais cette version possède une vie intérieure et des pupitres caractérisés poussés dans leurs limites. Et quel finale !
GustavMahler (1860-1911) Symphonie n° 1 " Titan "
Orchestre philharmonique national hongrois, dir. Zoltan Kocsis
BCM CD188. 2004. 54′
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