VIVA « HERCULANUM! »

Une première mondiale au disque et une distribution idéale pour ce grand opéra à la française.

Fort du succès de son Désert, Félicien David veut réussir dans le grand opéra à la française. Herculanum, créé en 1859, sera un triomphe. Tous les ingrédients du genre sont réunis : intrigue historique, profusion de choeurs, effets surnaturels et toutes les configurations vocales possibles. Dans une Antiquité romaine fidèlement reconstituée, un couple de chrétiens (Lilia/Hélios) est aux prises avec un duo païen (Olympia/ Nicanor) qui cherche à le dévoyer mais sera puni par l’éruption du Vésuve. La partition, selon le compte-rendu de l’exigeant Berlioz, " contient une foule de belles choses ".
Si Félicien David ne fait pas toujours dans la dentelle et ne révolutionne rien dans l’opéra de son époque, il utilise un langage entraînant et efficace qui convainc bien vite l’auditeur.Il faut reconnaître que cette première mondiale au disque bénéficie d’une distribution idéale. Véronique Gens poursuit son évolution depuis ses albums " Tragédiennes " et offre désormais une voix ample qui embrasse le lyrisme du XIXe siècle avec la même facilité que jadis le répertoire baroque.
Karine Deshayes ne doit plus être présentée, chaque nouvelle parution confirme la maîtrise de son instrument et sa volupté vocale étourdirait le plus rétif : on comprend qu’Hélios se laisse séduire par une telle païenne ! Edgaras Montvidas offre un format un peu petit pour ce rôle de ténor qui annonce Samson, et Nicolas Courjal reste sans doute trop uniformément " bougon " pour son double rôle.
Qu’importe, cette équipe chante avec une telle perfection et une telle diction française qu’on rend les armes. Hervé Niquet est à son affaire dans ce type de musique, qu’il ressuscite avec feu, assumant pleinement le côté " péplum " de l’opéra. Félicien David est de retour dans l’histoire de la musique: merci au Palazzetto Bru Zane.