Avec ce volume 3 axé sur les années 1821-1841, Howard Shelley est arrivé à mi-parcours de son intégrale de l’oeuvre pour piano de Mendelssohn. Il s’agit d’une période transitoire qui privilégie les petits formats — si l’on excepte la Sonate en sol mineur à l’opus trompeur (105) : Felix n’a que douze ans lorsqu’il l’écrit. À l’instar des Trois Caprices op. 33, on y déplore la rhétorique souvent laborieuse de la forme sonate. Le meilleur est à trouver dans certains Lieder ohne Worte, le Scherzo a capriccio et le Scherzo en si mineur où le compositeur du Songe d’une nuit d’été convie fées et elfes shakespeariens à danser sur les pointes. On est à l’opposé des poèmes pianistiques que Chopin plaçait sous semblable appellation. Il nous faudra attendre les volumes 4 et 5 pour trouver les ambitieuses Variations sérieuses et les Préludes et fugues op. 35. Le jeu de Shelley, lui, fait partout merveille par la juste proportion des moyens employés. Mieux : il sait voir grand dans de petites choses, sans faire éclater le cadre doré qui leur est assigné. Sa maestria dans l’usage de la pédale lui permet d’obtenir une constante fluidité du discours sans noyer ce staccato à fleur de touches et ces contre-chants dont l’écriture mendelssohnienne est si prodigue. Une écriture qui, si l’on y regarde de près, semble plus adaptée au pianoforte qu’à un grand Steinway de concert ; ce n’est pas le moindre mérite du pianiste britannique que de nous le faire oublier. Cette magie du toucher se pare en outre d’une remarquable sensibilité harmonique dans l' » Adagio » de la sonate et dans la Romance sans paroles n° 1 du Quatrième Livre, de véritables nocturnes qui ne disent pas leur nom. Vivement la suite !
SHELLEY POURSUIT SON INTÉGRALE MENDELSSOHN
Radio Classique
Sonates, caprices, Le Songe d'une nuit d'été de Mendelssohn, des petits formats en toute maestria.