Revue de presse : « Theodora » de Haendel au Théâtre des Champs-Élysées

Direction contemplative de William Christie et mise en scène désincarnée de Stephen Langridge

L’ombre de la célèbre production Sellars/Christie du festival de Glyndebourne (1996) pèse sur cette première scénique parisienne de l’avant-dernier oratorio du Saxon. Christian Merlin déplore : "pour le coup de poing dans le ventre, il faudra repasser (…) on quitte le théâtre en ayant envie d’une bonne entrecôte, alors que l’on devrait avoir l’appétit coupé par l’émotion." A peine plus indulgent, Le Monde, sous la plume de Marie-Aude Roux, affirme : "nul doute que, après l’iconoclaste et incendiaire vision de Peter Sellars, celle-ci ne fasse pâle figure avec son inventaire d’images pieuses et élégantes, un monde lénifiant d’édification morale, où la musique seule, libre et sensuelle, assume le cours sans fin des passions humaines." Bref, on en est quittes pour "un excès de retenue", dixit Emmanuelle Giuliani de La Croix, qui égratigne au passage les voix solistes "un peu " délavées ", voire absentes, sur la scène."
Quid de Philippe Jaroussky en Didymus ? Si, pour le critique du Figaro, le contre-ténor français "a autant de présence scénique qu’un bout de bois", la critique du Monde salue son interprétation de Kind Heaven, if virtue be thy care, "un modèle de luminosité ardente et de don de soi. " Dans le rôle-titre, "Katherine Watson campe une Theodora émouvante et sans hiératisme, à la ligne noble" pour Marie-Aude-Roux, tandis que Christian Merlin lui trouve certes "des qualités fort prometteuses, mais sans le rayonnement scénique et vocal qui fait les grandes Theodora."