Pour Christian Merlin du Figaro, la réussite – qui "table sur la clarté" – est avant tout musicale : "ce qu’ont réalisé là Philippe Jordan, le chef d’orchestre, José Luis Basso, le chef des choeurs, et leurs troupes, c’est tout simplement grandiose", d’autant que "cette clarté aveuglante n’a rien d’une radiographie sèche : elle met de la beauté dans l’austérité, ce à quoi le Viennois Schönberg tenait beaucoup". Une clarté que l’on retrouve dans la mise en scène très attendue de Romeo Castellucci (lequel fut choisi en remplacement de Patrice Chéreau) : "dans la première partie, il rend visible le paradoxe de l’obscure clarté, quand une blancheur aveuglante dissipe les contours, comme dans le désert, avant d’être rattrapée en deuxième partie par la couleur noire."
Plus sévère, Marie-Aude Roux du Monde s’avoue déçue par "les images produites par le metteur en scène (qui) semblent contrepointer la musique sans la prendre en compte" pour mieux saluer "la performance des solistes : formidable Moïse de Thomas Johannes Mayer, saisissant Aaron de John Graham-Hall", sans oublier "le travail exceptionnel d’un bataillon choral magnifiquement entraîné par son chef José Luis Basso, tenant sans la moindre faiblesse ce qu’il faut bien appeler le rôle principal de l’opéra."
Pour Philippe Venturini, cela ne fait aucun doute, "Stéphane Lissner a réussi son pari". Réputée d’une écoute aride, le chef-d’oeuvre lyrique d’Arnold Schoenberg (photo) trouve dans la direction "généreuse et souple" d’Armin Jordan "des nuances et des couleurs d’une singulière beauté". Et le critique des Echos de conclure par un lapidaire mais explicite épithète pour condenser sa pensée : "vertigineux".
Ceux qui ne peuvent faire le voyage auront droit à une séance de rattrapage grâce à la chaîne Arte (diffusion le 23 octobre).
Revue de presse : « Moïse et Aaron » à l’Opéra Bastille par Romeo Castellucci et Philippe Jordan
Radio Classique
La première production initiée par Stéphane Lissner est une réussite.