Quatre ans après un Quatuor K. 428 admirable, enregistré pour le même éditeur (CHOC de Classica), les Hagen reviennent à Mozart. Ils vont encore plus loin dans l’appropriation de son langage et dans la plasticité de leur jeu qui paraissent plus que jamais étroitement liées. Leur lecture n’est pas musicologique au sens d’historiquement informée, mais elle repose incontestablement sur une analyse fine de la partition et sa mise en oeuvre sonore. Ainsi leur travail sur les nuances et les articulations s’accomplit-il dans une rare souplesse de la phrase. Les Hagen ont en effet atteint une telle symbiose et une telle unité de jeu qu’ils peuvent se permettre la liberté d’un soliste. Les carrures régulières sont alors tourmentées, tout comme les enchaînements de notes (gammes, arpèges) ; rien de mécanique ne subsiste dans leur jeu. S’y ajoute un modelé du son d’un raffinement extrême et d’une homogénéité exemplaire : les Hagen profitent en effet du " Quatuor Paganini ", quatre instruments de Stradivarius, dont ils ont hérité après la dissolution du Quatuor de Tokyo. Le soin apporté au détail laisse pantois d’admiration et la précision du vibrato a peu d’équivalent. Les Hagen semblent recréer ces deux quatuors et en font percevoir la modernité et l’originalité.
On se réjouit de voir que cet ensemble, refusant l’enregistrement de plus, poursuit sans concession sa quête interprétative. Après trente ans de carrière, ce quatuor conserve une jeunesse étincelante.
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Le Quatuor Hagen semble avoir appris son Mozart auprès du compositeur. Il en révèle la singularité et la modernité dans cette interprétation aboutie au raffinement sonore inouï.