Il y a cinq ans, le premier disque du jeune claveciniste espagnol Diego Ares, déjà consacré à Antonio Soler (Pan Classics), révélait un tempérament flamboyant. Ce retour chez Soler s’accompagne cependant d’un étonnant bagage: l’essentiel des quelque vingt-neuf sonates inédites copiées dans un manuscrit acquis en 2011 par la bibliothèque Morgan de New York où elles côtoient quelques-unes de celles de son maître Domenico Scarlatti. " La collection la plus riche de sonates de Soler ", comme le résume l’artiste. Riche en unités et de sens, puisque cette collection permet de reconstituer des paires de sonates, alors regroupées par tonalité, que l’histoire avait séparées. Aussi retrouve-t-on dans ce programme deux sonates déjà cataloguées par Samuel Rubio nos 7 (do majeur) et 114 (ré mineur).
Si le connaisseur apprécie à sa juste valeur cette première discographique, le néophyte pourra se satisfaire de cette musique haute en couleurs et de cet enregistrement grisant. Avec une gourmandise manifestement intacte, Diego Ares plonge ces sonates dans son clavecin d’inspiration espagnole (Joel Katzman, Amsterdam, 2009) comme dans un chaudron rougeoyant (Sonates nos 12 et 18, par exemple). Mais l’artiste sait aussi cambrer le corps quand la danse impose ses règles (Sonate n° 13), faire entendre la tendre mélodie aux accents populaires (Sonate n° 17), ouvrager subtilement les reprises et aménager des contrastes dynamiques grâce aux pédales de son instrument. Diego Ares interprète la musique de ce moine compositeur avec une virtuosité diabolique et une sensualité infernale. Il sera difficile de résister à la tentation.
LES RICHES SONATES D’ANTONIO SOLER
Radio Classique
Le claveciniste Diego Ares revient aux sonates de Soler. Mais, cette fois, elles sont inédites. À découvrir absolument.