HERAS-CASADO AUX ORDRES DE FARINELLI

Pablo Heras-Casado met à l'honneur de manière flamboyante la vocation tardive du célèbre castrat Farinelli.

Il est libre Pablo Heras-Casado. Étrangère aux querelles dogmatiques, sa ­baguette couvre tous les ­répertoires, du baroque jusqu’au plus contemporain. Avec ce " récital interprète " suggéré par DG pour relancer sa série Archiv, le chef espagnol opère à la fois un retour aux sources (il cofonda son premier ensemble de musique ancienne à 17 ans) et une petite infidélité au label Harmonia Mundi, mais c’est pour mieux retrouver un des ensembles phares de son écurie : le Concerto Köln. C’est ici moins le Farinelli-­castra – illustré par le truchement de deux arias superbement chantées par Bejun Mehta – qui est évoqué que l’impresario, une vocation ­tardive coïncidant avec sa ­nomination en tant que ­directeur artistique des théâtres du palais de Buen ­Retiro à Madrid et du palais d’Aranjuez. L’occasion de découvrir (on compte moult premières) quel­ques musiques instrumentales espagnoles contemporaines du chanteur le plus adulé de son temps. Le style direct, discipliné et sans alanguissement du chef frappe dès la première plage.L’orchestration pour le moins colorée (avec castagnettes, Espagne oblige), n’altère jamais la netteté du tracé mélodique. Dans "Tempestad grande" de José de Nebra, un illustre représentant de la zarzuela baroque, les sforzandos vous fouettent au visage tant Heras-Casado n’hésite pas à sacrifier le beau son sur l’autel du ­caractère ibérique. Une manière que l’on retrouve dans la Sinfonia " Fandango " de Carl Philip Emmanuel Bach, où son geste ­hispanise une musique qui ne dégageait, au départ, qu’un exotique parfum méditerranéen. Le Concerto Köln (réuni au grand complet) achève de nous ­con­vaincre dans la réussite de cet en­registrement où concept et réalisation ­artistique se rejoignent à la même ­altitude.