ENTRETIEN ANDRIS NELSONS

À lire dans le dernier numéro 165 de CLASSICA : Chef de l’Orchestre de Birmingham depuis 2008, avec lequel il vient à Paris en septembre, il prend cette année la tête de l’Orchestre symphonique de Boston. Entretien avec un artiste majeur : extrait.

Vous revenez à Paris, en cette rentrée, au Théâtre des Champs Élysées avec l’Orchestre symphonique de Birmingham pour diriger les Symphonies nos 8 et 9 de Beethoven. Pensez-vous au travail qu’a effectué Simon Rattle avec cet orchestre, influencé par des musiciens comme Nikolaus Harnoncourt ?
Simon Rattle a effectué un voyage fantastique avec cet orchestre, a réalisé de merveilleux enregistrements et en a considérablement élargi le répertoire. Je lui suis très redevable et espère poursuivre ce travail. L’état d’esprit des musiciens est vraiment unique, très amical, voire familial. Bien sûr, diriger Beethoven signifie s’affronter à une des figures les plus tragiques mais aussi les plus fortes de l’histoire de la musique. L’homme a souffert mais l’artiste a imposé ses règles. Sa musique dépasse le cadre des formes qu’il a héritées de Haydn et Mozart. S’il avait vécu plus longtemps, il se serait vraisemblablement orienté vers un langage et un univers proches de ceux de Wagner ou de Mahler. Sa Symphonie n° 9 concentre ainsi une naïveté bouleversante et une force phénoménale. Classicisme, romantisme, expressionnisme, modernisme s’y croisent. De même sa Symphonie n° 6 n’est pas une simple description de la nature mais plutôt un prétexte pour entamer un dialogue avec Dieu. Bien sûr, je connais et admire tout ce qu’ont pu apporter des chefs comme Harnoncourt et Rattle.

Vous allez prendre en cette rentrée 2014 la direction de l’Orchestre symphonique de Boston. Savez vous déjà quel répertoire vous allez privilégier?
Je suis très honoré d’avoir été choisi par cet orchestre, qui est un des plus raffinés qui soient, dépositaire d’une formidable tradition et d’une connaissance très fine de la musique française, par exemple. Il faut bien évidemment entretenir cette identité mais aussi s’orienter vers d’autres répertoires, comme les symphonies de Chostakovitch.

La légende veut que vous ayez décidé de devenir chef d’orchestre à cinq ans. Est-ce exact?
J’ai effectivement entendu Tannhäuser à cinq ans, et ce fut un choc qui a bouleversé mon existence. J’étais convaincu de vouloir dédier ma vie à la musique. Mais avant cette révélation, j’avais déjà entendu beaucoup de musique de tout genre. (Lire la suite dans CLASSICA)