Vincent Jauvert « Il y a 4 raisons pour trahir : l’égo, l’idéologie, l’amour, et surtout l’argent »

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L’espionnage occupe une place majeure dans l’imaginaire mais parfois la réalité dépasse la fiction ! Dans son Dictionnaire amoureux de l’Espionnage, le journaliste Vincent Jauvert nous dévoile des histoires rocambolesques de taupes et d’espions et nous montre le côté obscur de la géopolitique. Une visite guidée dans l’univers mystérieux du renseignement.

Elodie Fondacci s’est entretenue avec Vincent Jauvert.

EF : Vincent Jauvert bonjour. Vous êtes grand reporter à l’Obs, auteur de best-sellers d’investigation, et vous enquêtez depuis 30 ans sur les grands dossiers d’espionnage contemporains. C’est donc en connaisseur que vous publiez aujourd’hui chez Plon un Dictionnaire Amoureux de l’Espionnage totalement rocambolesque !
Au cours de votre carrière, vous avez eu le privilège de rencontrer un peu partout dans le monde des espions, des taupes, des officiers traitants… Lequel, pour vous, est le plus fascinant ?

VJ : Parmi ceux que j’ai rencontrés, le plus fascinant s’appelle Aldrich Ames. Il est considéré comme le pire ! La taupe la plus méchante des États-Unis. Il a livré des dizaines d’espions de la CIA à Moscou, qui ont plus tard été tués. C’est un homme qui est encore en prison aujourd’hui et que j’ai rencontré en prison il y a une vingtaine d’années. Un homme très impressionnant qui, lorsque je l’ai vu, était entouré de gardes du corps de la CIA. Je l’ai interrogé avec quelqu’un de la CIA à côté de moi qui m’empêchait de poser certaines questions, et c’était évidemment fascinant.

EF : Pourquoi est-ce qu’on trahit finalement ? Par amour, par appât du gain, par vengeance ? Quelle est la raison la plus répandue ?

VJ : Je crois que c’est l’argent. On dit qu’il y a 4 raisons essentielles pour trahir : l’égo, l’idéologie, l’amour, et évidemment l’argent, qui résume tout.
Parmi les espions, il y en a pourtant quelques-uns qui n’ont pas trahi par appât du gain. Kim Philby, par exemple, le leader des « Cinq de Cambridge », qui a travaillé pour le KGB pendant plus de 30 ans alors qu’il était presque à la tête des renseignements britanniques. Une histoire hallucinante ! Lui n’a pas travaillé pour l’argent. Il a travaillé pour l’idéologie alors que c’était quelqu’un d’une grande famille britannique. Il a cru au Stalinisme et s’est légèrement trompé…

EF : C’est justement le point commun des « Cinq de Cambridge » dont vous parlez tour à tour. Avoir été élevés dans le Saint des saints des écoles anglaises et avoir appartenu à de grandes familles. Ce qui rend encore plus surprenant leur trahison.

VJ : Oui certains même étaient lords ! L’un des Cinq était le gardien du musée de la Reine : c’est pour cette raison là qu’il n’a pas été condamné. D’ailleurs parmi les Cinq, aucun n’a été condamné, parce que les Britanniques – ou plutôt le gouvernement britannique – considéraient qu’il valait mieux qu’ils soient à Moscou ou bien très loin, plutôt que de déballer ces affaires un peu tristes pour l’Empire Britannique.

EF : Décidément, tous les espions n’ont pas le même sort ! Certains finissent par croupir en prison, alors que d’autres finissent paisiblement leurs jours à cultiver leurs bégonias dans leur jardin sans être inquiétés !

VJ : Très précisément ! Il y en a un qui s’appelle John Cairncross, l’un des « Cinq », qui a terminé sa vie tranquillement dans le Sud de la France, alors qu’il était responsable de beaucoup de morts lui aussi.
En revanche, Richard Sorge, celui que je considère – comme tout le monde d’ailleurs – comme le plus grand, a été tué. C’était un espion du KGB pendant la guerre (le NKVD à l’époque), qui a beaucoup aidé Staline à gagner cette guerre. Lui était au Japon. Il a été arrêté, condamné à mort, et il était certain que Staline allait l’échanger. Mais Staline l’a laissé mourir, sans jamais reconnaître qu’il avait été espion, de manière à ne pas créer de tensions entre le Japon et la Russie.
Donc il n’y a pas de règle. Quelqu’un comme Philby ou ceux des « Cinq » qui ont vraiment trahi de la pire manière puisqu’ils ont livré des gens qui ont été tués, s’en sont sortis. Alors que Richard Sorge, qui n’a donné que des informations, lui a été tué.

EF : Vous racontez l’histoire rocambolesque de ce faux espion irakien qui a littéralement justifié l’invasion de l’Irak.

VJ : Vous vous souvenez sans doute de cette petite fiole blanche qu’agitait Colin Powell au Conseil de sécurité des Nations Unies ? Cette fiole dont le contenu, s’il avait été de l’anthrax comme Powell l’affirmait, aurait pu détruire toute la ville de New York, voire plus. C’est parce qu’il y avait, disait-il, de cet anthrax en Irak qu’il fallait aller envahir l’Irak pour renverser son gouvernement qui était menaçant.
Cette information venait d’un Irakien qui disait avoir travaillé dans des laboratoires clandestins mobiles, installés dans des camions, fabriquant cet anthrax en Irak.
Il était arrivé en 1999 en Allemagne, et avait commencé par ne rien dévoiler : il disait juste qu’il avait été chimiste. Et puis il a changé d’avis. Un jour, il a déclaré : « Maintenant je vais vous dire la vérité : je travaillais dans des laboratoires clandestins ». Et cette information est montée jusqu’à la Maison Blanche, qui l’a utilisée pour « vendre » la guerre en Irak ; entre guillemets.
Puis on s’est rendu compte que cet homme-là n’avait jamais travaillé dans des laboratoires clandestins, pour la bonne raison qu’il n’y en avait simplement pas ! Il était malin, et il avait vu dans les rapports de l’ONU qu’il y avait un risque que l’Irak développe ce genre de laboratoire. Il était chimiste et donc avait bien compris comment ça pouvait marcher, et il a inventé cette histoire de toute pièce.

EF : Uniquement pour obtenir le statut de réfugié ! En réalité il n’était pas du tout espion.

VJ : Pas du tout ! C’est uniquement pour avoir le statut de réfugié en Allemagne qu’il a raconté ça ; puisqu’au début il n’arrivait pas à l’avoir et il se doutait bien qu’il ne l’aurait pas. Donc il a inventé cette histoire. À ce moment-là, il a obtenu pension… appartement… et toutes sortes de choses que quelqu’un de 30 ans peut vouloir lorsque l’on est en Allemagne et qu’on vient d’Irak. Et ça a fonctionné. Il est toujours tranquille quelque part en Allemagne aujourd’hui d’ailleurs.

EF : Des histoires rocambolesques, il y en a plusieurs dans ce livre. Certains détails paraissent même tirés d’un James Bond ! Je pense par exemple à votre article sur le « Parapluie bulgare » qui n’est pas une invention, mais qui a vraiment servi et tué !

VJ : Il s’agit d’un vrai parapluie qui a véritablement tué un opposant bulgare dans les années 1970.
Ce parapluie a été inventé par le KGB parce que les Bulgares devaient tuer, d’après les ordres de leurs chefs, « sans qu’on s’en rende compte » mais ne savait pas le faire. Donc ils ont fait appel au KGB.
Le KGB a trouvé la solution pour aller vite avec un parapluie au bout pointu qui injectait une petite boule de poison dans la peau ! Pour qu’elle n’agisse pas tout de suite, ils faisaient 2 trous dans cette boule pleine de poison, qui était recouverts d’une substance qui fondait à 37°C. Donc une fois dans le corps, cette substance fondait et le cyanure qui était à l’intérieur en sortait et tuait la personne qui l’avait reçue.
On s’en est rendu compte parce qu’un opposant bulgare à Paris s’est plaint d’avoir été piqué par un parapluie et les médecins ont trouvé dans sa peau, cette petite boule qui n’avait pas été ouverte et était encore remplie de cyanure : elle n’avait pas fondue !

EF : C’est vrai que les espions fascinent ! ce n’est donc pas étonnant qu’ils occupent une place majeure dans l’imaginaire, dans les séries ou dans les livres.
Vous évoquez bien sûr dans votre dictionnaire 3 pointures de la littérature d’espionnage : John le Carré, Graham Greene et Ian Fleming qui ont pour point commun d’avoir été EUX-MÊMES des espions !

VJ : Oui tous les 3. Tous les 3 l’ont reconnu très tard ou jamais.
Ian Fleming, le créateur de James Bond, était un homme passionnant ! C’était un grand espion pendant la guerre, on ne le sait pas, et il était beaucoup plus intéressant que son personnage qui dans les livres est absolument détestable. Je suis très content d’ailleurs qu’on remette à jour les livres de James Bond pour enlever toutes ses remarques racistes ou homophobes !
John le Carré lui aussi l’a reconnu à la fin de ses jours. Ses livres sont souvent particulièrement difficiles à lire parce qu’en fait c’est un spécialiste du contre-espionnage. Or, le contre-espionnage est très complexe : il s’agit de démasquer des taupes à l’intérieur d’autres services secrets. Donc il y a des protections diverses et variées qui sont mises en place pour protéger ces taupes-là et donc c’est très difficile à découvrir : ça donne des histoires un peu compliquées.
Pour moi le plus grand écrivain – pas le plus grand espion parmi les 3, qui est Ian Fleming – c’est bien sûr Graham Greene : par son écriture simple, limpide, humoristique. Notre agent à la Havane est sans doute le plus grand des livres d’espionnage. Et, bien qu’il soit humoristique, les services secrets britanniques ont failli l’interdire parce qu’il révélait néanmoins des techniques de manipulation de source et d’agent. Finalement le patron du MI6, à l’époque, s’est dit que c’était ridicule de faire ça et qu’il valait mieux laisser courir la chose.

EF : Côté séries, vous évoquez « Le Bureau des légendes », la formidable série d’Éric Rochant. La DGSE a-t-elle eu un droit de regard ?

VJ : Oh ce n’est pas obligatoire ! On est en pays libre donc on peut publier ce qu’on veut sur la DGSE. Mais c’est vrai que le réalisateur a tenu à informer la DGSE de son projet – notamment parce qu’il est un admirateur des services spéciaux – et à obtenir son aide. Le droit d’utiliser leur logo par exemple, et certains autres détails.
Et la DGSE, c’est là où ils ont été très malins, a compris que pour elle ce pourrait être un formidable tremplin publicitaire. Éric Rochant avait dit au patron de la DGSE de l’époque qu’il voulait en faire le « West Wing » des services secrets. Vous savez, « West Wing » cette série américaine sur le pouvoir Clintonien qui avait été très célèbre ? Et ça a très bien marché ! La preuve : un grand acteur américain veut refaire « Le bureau des légendes » à la sauce américaine !

EF : Vous dites même que ça a été très utile à la DGSE pour ses recrutements ?

VJ : Oui ! Il y a les portraits des héros de la série dans les couloirs de la DGSE. Et aujourd’hui, ils recrutent à tour de bras pour les raisons qu’on peut comprendre : la guerre en Ukraine et la tension internationale. Ils vont je crois embaucher l’année prochaine plus de 1000 agents – et pas uniquement des espions – mais 1000 agents tout compris, ce qui est quand même beaucoup.

EF : Il y a les agents, il y a aussi les Hirondelles : ces jeunes femmes recrutées par les services secrets pour séduire ou pour compromettre une cible. On parle alors de « sexpionnage », c’est ça ?

VJ : Oui, maintenant on dit ça. En anglais on dit « honey trap » (le piège à miel), on se doute bien de ce que ça peut signifier. C’est vieux comme le monde bien sûr : envoyer une jeune femme très belle pour compromettre ou séduire quelqu’un qui connaît des secrets. On envoie des hommes aussi, des « Roméos » ; c’était très à la mode en RDA, en Allemagne de l’Est, et ça a fait beaucoup de dégâts en Occident.
Il y a eu un ambassadeur de France à Moscou dans le début des années 1960, qui est tombé dans un « honey trap ». Quand De Gaulle l’a reçu, il lui a dit « Alors Dejean ? Vous couchez m’a-t-on dit ? » et on a pensé que c’était de la gaudriole ! Mais De Gaulle savait que ce n’était pas de la gaudriole. Il savait que ça avait été une affaire très grave d’espionnage, qu’il avait livré énormément de choses, mais il ne voulait pas que ça se sache. Alors qu’il voulait se dégager des Etats-Unis et se rapprocher un peu de Moscou, il ne voulait pas qu’on dise qu’un ambassadeur de France, notamment à Moscou, était passé de l’autre côté.

EF : Le piège dont vous parlez a été orchestré sur plusieurs années avant de fonctionner ! Les amis du couple Dejean étaient en fait de faux amis… Tout ça c’est incroyable !

VJ : Ça a été monté par Khrouchtchev, le patron de l’Union soviétique, avec le patron des services secrets, parce que cet homme-là, Maurice Dejean, était une cible très importante !
Les Russes savaient que c’était un proche du Général, qui en plus recevait tous les télégrammes les plus secrets à Moscou. Ils voulaient donc vraiment l’avoir.
Ils se sont arrangés pour que Maurice Dejean et sa femme rencontrent un couple de hauts fonctionnaires, qui étaient en réalité des espions qui devaient lui soutirer des secrets. Pour qu’ils se rencontrent soi-disant par hasard, ils ont organisé une fête avec beaucoup d’intellectuels et de stars soviétiques de l’époque mais qui tous étaient rémunérés par le KGB ; ils n’avaient pas le choix.
Vous connaissez peut-être ce grand cinéaste russe qui s’appelle Nikita Mikhalkov, dont le père, Sergueï, avait écrit l’hymne soviétique – devenu l’hymne russe avec d’autres paroles ? Sergueï Mikhalkov était très célèbre en Russie. C’est lui qui a fait connaître Maurice Dejean et sa femme à ce couple d’espions.
Ensuite, l’histoire est très compliquée : ce couple-là a présenté à Maurice Dejean une jeune et belle russe qui était soi-disant en misère sexuelle parce que son mari était un chercheur qui allait en Sibérie et ailleurs… et évidemment Maurice Dejean s’est dévoué. Puis le soi-disant mari s’est présenté au mauvais moment, et le KGB a pu – ayant filmé l’ensemble – tenir en quelque sorte Maurice Dejean. Je ne suis pas sûr qu’aujourd’hui un diplomate, s’il est pris sur le fait, livre tous les secrets qu’il détient. Disons que c’est moins considéré aujourd’hui comme une faute très grave, de tromper sa femme, qu’à l’époque, sous De Gaulle.

EF : Ça l’était, mais tout change.
Vous expliquez qu’avec les passeports biométriques, c’est devenu presque impossible aujourd’hui de créer une légende. On ne peut plus envoyer un espion avec un faux passeport, une fausse identité, comme on le faisait auparavant de façon si simple.

VJ : Oui, c’est même dangereux aujourd’hui. Les services secrets considèrent qu’il vaut mieux envoyer les espions avec un vrai nom parce que lorsqu’ils ont un faux nom souvent la police des frontières les repèrent (du fait de l’analyse des fichiers très rapide etc.) donc il vaut mieux rentrer sous son vrai nom. D’ailleurs vous avez peut-être entendu parler de cette Russe arrêtée en 2010 sous son vrai nom, Anna Chapman ?
À peu près tous les anciens espions circulaient sous des faux noms, mais il est très difficile aujourd’hui d’entrer sous couverture avec un faux nom ; sauf si on passe par des pays où l’état civil et la biométrie sont très peu développés. C’est pour ça que, ces temps-ci, arrivent beaucoup d’espions russes soi-disant Brésiliens : puisqu’il est plus simple dans les pays comme le Brésil de se faire une fausse identité qui ne soit pas repérable.

EF : Vous consacrez à Vladimir Poutine un article assez important : en quoi son passé d’espion éclaire-t-il sa personnalité d’aujourd’hui ?

VJ : Tout. [Pause] Tout.
Je pense que c’est une dimension connue mais pas assez utilisée quand on tente d’expliquer Vladimir Poutine. On parle de nationalisme, on parle de plein de choses, mais pas assez de la formation et de l’idéologie fournie par le KGB.
Poutine c’est un enfant des années 1970, quand Le KGB avait l’intention de faire de la Russie une grande puissance. Un moment où ils étaient convaincus que l’Amérique allait attaquer. Cela a fait de Poutine un homme foncièrement anti-occidental. Pas par idéologie, on le voit bien, il est riche, il vit à l’occidentale… mais parce que c’est contraire selon lui à la puissance, ou plutôt à l’émergence de la puissance russe, d’une part. Voilà pour le premier héritage.
Second héritage de ce passé d’espion : des techniques de répression, de clandestinité où tous les moyens sont bons.
Je me souviens quand il est arrivé au pouvoir, certains qui disaient « C’est bien, Poutine, parce que le KGB c’est L’ENA Russe. » On peut dire ça comme ça, mais je ne pense pas qu’à l’ENA on apprenne à tuer, à être clandestin, à mentir, à fabriquer de fausses histoires en permanence… c’est ça les services spéciaux, c’est un monde terrible ! Et Poutine y a été formé.
Il a rêvé de devenir ce qu’on appelle un « clandestin » c’est-à-dire le plus haut degré de l’espion, et il n’y est pas arrivé. Mais ce sont ses modèles. D’ailleurs quand Anna Chapman revient, il l’accueille comme une héroïne ! On n’imagine pas le Président de la République accueillir des espions français en disant « Ce sont les nôtres ! On les admire ! On veut devenir comme eux ! C’est formidable… »
Donc la formation de guébiste (comme on dit pour un agent issu du KGB) est fondamentale chez lui. Son père est mort quand il était très jeune – évidemment les services spéciaux, sont très forts pour ça, ils prennent des gens qui ont eu un problème d’image paternelle, qui cherchent une famille. Notre garçon des rues a donc trouvé une famille, et tout le reste n’est que littérature. Tout le reste c’est ce qu’il utilise comme un homme du KGB, soit pour se présenter comme ouvert vers l’Occident soit comme quelqu’un qui est nationaliste. Non, lui il n’est rien de tout ça, il est juste un homme des services spéciaux.

EF : Vous écrivez que Poutine n’a pas été accepté en tant qu’espion « clandestin », parce qu’il n’avait « pas assez le sens du danger ». C’est ce que ses supérieurs ont marqué dans son dossier. Ça fait réfléchir !

VJ : C’est hallucinant n’est-ce pas ? On comprend mieux pourquoi cet homme-là a envahi l’Ukraine alors que c’était contraire à tous les raisonnements. En ce sens-là, il n’a pas senti le danger pour lui-même et pour son pays.

EF : J’ai une dernière question, Vincent Jauvert : vous enquêtez depuis 30 ans pour révéler ce que d’autres veulent cacher. Quelle est votre position par rapport aux services secrets : est-ce que c’est de la fascination ? Est-ce que c’est une méfiance ?

VJ : Oh c’est évidemment les deux, comme nous tous je crois.
On est méfiant vis-à-vis des services spéciaux parce qu’on sait bien que leurs méthodes sont illégales, par définition. Et puis on est fasciné, parce que ça touche à la fois à l’intimité (Pourquoi est-ce qu’on trahit ?) et à la géopolitique, parce qu’on cherche les secrets d’Etat.

 

Le Dictionnaire amoureux de l’espionnage, publié chez Plon par Vincent Jauvert.

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