Bien qu’ayant fait des débuts fracassants à 27 ans en remplaçant au pied levé Carlo Maria Giulini dans le Requiem de Cherubini à la tête de l’Orchestre du Concertgebouw le 7 novembre 1956, Bernard Haitink a su mener sa carrière avec beaucoup de circonspection. Sa connaissance de l’orchestre, il l’a doit avant tout à sa pratique d’instrumentiste (il intègre à 25 ans l’Orchestre de la Radio Néerlandaise) et à une discipline de fer. Peu expansif au pupitre – sa gestuelle, d’une rare économie, reste un modèle de lisibilité pour les musiciens – Haitink se distingue rapidement au disque (Philips essentiellement) dans le grand répertoire postromantique, dans lequel il est si facile « d’en faire des tonnes », gravant des référence indémodables. Chose rare : il excelle aussi bien dans Bruckner que dans Mahler, dont il est le deuxième chef, après Bernstein et aux côté de Solti, à se lancer dans une intégrale discographique qui fera date.
Si son nom reste associé avant tout à l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam sur lequel il régna de 1959 à 1988, Bernard Haitink entretient des rapports privilégiés avec l’Orchestre de la Staatskapelle de Dresde : il en fut nommé « chef principal » en 2002, à la suite du décès brutal de Giuseppe Sinopoli. Le concert de ce dimanche – son premier concert de souscription en qualité de « chef principal » -, enregistré en septembre et octobre 2002, nous donne à entendre l’Ouverture d’Oberon de Weber, le Concerto pour violon de Beethoven avec Frank-Peter Zimmermann en soliste, puis la Première Symphonie de Brahms.
Pour finir la soirée, on retrouvera le chef néerlandais à la tête de l’Orchestre de Chicago (Im Sommerwind de Webern) et du Concertgebouw d’Amsterdam dans le Concerto pour piano n° 24 de Mozart avec Alfred Brendel en soliste.
Bernard Haitink dirige la Staatskapelle de Dresde (2002)
Radio Classique