Libération a rencontré le journaliste américain Patrick Radden Keefe, auteur du livre L’Empire de la douleur, la saga de la famille Sakler, (éditions Belfond). Cette riche famille de mécène est à l’origine de la crise sanitaire des opioïdes aux Etats-Unis.
Les Sakler ont commercialisé l’Oxycontin, à l’origine de nombreuses overdoses
L’Oxycontin a provoqué la mort de 450.000 Américains par overdose. Les Sakler, à coups de méthodes marketing très agressives, ont mis ce médicament sur le marché. Cette famille richissime et respectable faisait partie des donateurs du musée Guggenheim à New York, au point qu’une aile de ce musée porte son nom. Lancé en 1996, l’Oxycontin a changé la façon dont les médecins américains prescrivaient les antidouleurs. Ce médicament est devenu le plus gros succès de l’industrie pharmaceutique américaine, générant 35 milliards de dollars de revenus et faisant la fortune des Sakler.
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Le livre tire le portrait du patriarche Arthur Sakler, médecin, as de la publicité médicale, puis des héritiers. C’est Dallas au pays de la pharmacie, les Sakler inventent un concept : l’épidémie de la douleur qu’il faut combattre, en ciblant des médecins qu’il faut pousser à prescrire et prescrire encore. Mais dès les années 2010, le lien est bientôt établi entre la surconsommation d’antidouleur et la consommation d’héroïne. La responsabilité de l’Oxycontin est démontrée et les procès s’enchaînent, déstabilisant l’empire Sakler. Libération cite le père d’Arthur Sakler, Isaac qui disait : « si vous perdez une fortune, vous pouvez la rebâtir, si vous perdez votre réputation c’est irrécupérable ». Une sentence que la famille de riches mécènes peut aujourd’hui méditer.
David Abiker