Ce matin à 8h15 sur Radio Classique
Caroline De Haas, militante féministe
Invitée de Guillaume Durand
« 62% des femmes ont déjà été victimes de violences sexuelles »
A propos des violences détectables faites aux femmes
« Vous ne vous pouvez pas spontanément détecter les violences autour de vous, pour cela il faut être formé. »
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« Cela fait 20 ans que je milite, et cela fait seulement deux ans que j’ai été formée par une association qui s’appelle « Le Collectif féministe contre le viol » qui a d’ailleurs un numéro de téléphone que l’on peut donner aux femmes victimes. (Le 0 800 05 95 95).
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« Ce sont des signaux d’alertes que vous auriez vus, sans prêter attention. Il y a des permanences : l’isolement de la victime, une dévalorisation, le fait que la femme se sente toujours coupable. »
A propos des violences faites aux femmes en politique
« On se rend compte qu’il y en a chez les Verts, à l’UNEF, au MJS, dans la campagne de Benoit Hamon et puis au Front National. Elles ont un point commun, ce sont des organisations qui ne vont pas très bien d’un point de vue militant, qui ont traversé des affaires difficiles. On se rend compte que les affaires sortent, quand les organisations se délitent. Cela veut dire que dans les autres organisations, il y a le même type d’histoires… »
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« Les statistiques montrent que 62% des femmes ont déjà été victimes de violences sexuelles. »
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« Pour le cas de Denis Baupin, ce sont 14 femmes qui ont soulevé le problème. (…) Les journalistes ont fait leur travail sérieusement. »
A propos de la délation
« Il y a une différence entre le témoignage, témoigner d’une histoire qui est arrivée, et la délation, c’est-à-dire, donner un nom sans aucune preuve, sans aucun fait. »
A propos du harcèlement au travail
« Quand vous avez 20% des femmes qui sont victimes de harcèlement sexuel au travail, c’est un problème pour les femmes mais c’est un problème pour tout le monde. »
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« Aujourd’hui, en 4 ans, seulement 2 entreprises nous ont sollicités pour faire des formations contre le harcèlement sexuel. »
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« Le jour où les entreprises se mettront à former de manière systématique leur salariés ou leur manager sur le harcèlement sexuel, cela se passera mieux. »
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« Il faudrait que ce soit le service public qui s’en charge. »
A propos de Catherine Deneuve
« Ce n’est pas contradictoire de penser que le viol est un crime et que le harcèlement est un délit. C’est un fait car c’est la loi. »
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« Elle a écrit un texte dans lequel elle donne le sentiment, peut être que ce n’était pas ce qu’elle voulait, que les frotteurs dans le métro, ce n’est pas si grave. Ce n’est pas du harcèlement, c’est une agression sexuelle, et c’est plus grave. »
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« C’est un texte qui banalise la question des violences, puisqu’elle banalise une agression sexuelle. Et dans le dernier paragraphe du texte, et cette partie est très importante, elle écrit que c’est aux femmes, aux mères d’éduquer leurs petites filles pour qu’elles apprennent à se protéger des violences. Et cela fait reposer sur les femmes, sur les mères, la responsabilité de ne pas être agressée. »
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« Quand on travaille auprès de femmes victimes de violences, la première chose à laquelle on se heurte toute la journée, c’est qu’elles pensent être coupables des violences qui leur sont faites. »
A propos des actrices française
« Ce qui m’intéresse ce serait que les actrices françaises puissent, si elles sont intéressées, faire ce que les actrices ont fait aux Etats-Unis, le « Time’s Up ». Un fond qui, en une semaine, a généré 15 millions de dollars pour venir en aide aux femmes victimes de violences qui n’avaient pas moyen de porter plainte. »