Le marché immobilier est sur le point de décrocher en France. Ce sont les promoteurs spécialisés dans la construction et la vente de logements neufs qui le disent : la situation est plus qu’inquiétante.
Le taux d’acheteurs qui se désistent est désormais à 50%
Le nombre de mises en ventes a chuté de 7,6% l’an dernier mais la baisse s’est accélérée sur la fin de l’année avec un recul de presque 13%. Sur les réservations, qui sont les ventes de demain, la chute est de 25% sur tout 2022 et presque 40% aujourd’hui. Et ce qu’on appelle le désistement (quand un acheteur potentiel qui avait manifesté un intérêt finalement se rétracte) est passé d’une moyenne habituelle de 15% à 50%. Un sur deux renonce au bout de quelques jours. Comment expliquer cette situation ? La crise est double. Il y a un problème au niveau de l’offre. Le foncier est de plus en plus rare et de plus en plus cher. Le coût des matériaux a flambé. Du coup, il y a moins de chantiers lancés, moins de chantiers livrés et ce qui arrive sur le marché est cher, très cher, alors qu’au même moment au niveau de la demande, les acheteurs se disent que les prix ont plus de chance de baisser que de monter, qu’il vaudra donc mieux acheter demain qu’aujourd’hui. Cela va contribuer à figer le marché. En plus, vous avez des banques qui prêtent moins et qui prêtent plus cher… Les taux ont plus que doublé en un an. Et le coût du mètre carré grimpe aussi à cause de toutes les mesures écologiques qui sont vertueuses à long terme. Mais à court terme, plus de normes et de contraintes, ça veut dire des logements plus chers. Cela veut aussi dire que des logements qui ne seront plus aux normes vont sortir du parc.
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Il faudrait faire du logement une grande cause nationale, comme pour la défense, l’énergie ou l’agriculture
Est-ce que la situation est vraiment grave ? Le président de la Fédération des Promoteurs Immobiliers emploie une bonne image. Pascal Boulanger dit que « La voiture est en panne sur le bas-côté de la route avec les warnings allumés ». Ce qui est grave c’est que le logement est doublement indispensable. Il représente 10% de notre économie et c’est le quotidien de tous les ménages. Pour presque tous les Français, c’est le premier poste de dépense. Et on était déjà dans un marché avec trop peu de logements et des logements trop chers. On sait qu’il faudrait pour des raisons économiques, sociologiques, démographiques, construire 450.000 logements neufs par an. Parce que les Français déménagent. Parce que les couples divorcent, les enfants quittent le foyer. Parce qu’il y a quand même des naissances et de l’immigration. Mais on n’en construit pas 450.000 par an. On en livre 100.000 de moins. On accumule du retard et on contribue à déséquilibrer le marché. On ne va pas s’en sortir avec des mesures d’urgence ou de nouveaux coups de pouces fiscaux. Il faudrait faire du logement une grande cause nationale, une priorité avec une vision à long terme comme pour la défense, l’énergie ou l’agriculture. Sinon, on risque d’aller dans le mur et de provoquer beaucoup de tensions.
David Barroux